L'introduction de Javier Fraile est la suivante:
Ce bref article est divisé essentiellement en deux parties.
Dans la première j’explique –de manière plutôt “vulgarisatrice”– l’origine
de la limite par la sensibilité maximale possible, qu’un récepteur d’ondes
électromagnétiques peut atteindre. Dans la deuxième partie j’examine
la vraisemblance de l’affirmation des auto dénommés “ummites” en ce
qui concerne la supposée détection, accidentelle, d’une émission de
radio effectuée depuis un navire norvégien près de la côte de Terre
Neuve en 1934.
Sa conclusion est la suivante:
En considérant ce qui précède, ma conclusion personnelle est la suivante
: Compte tenu des paradigmes de notre physique et de l’état de nos connaissances
technologiques, il semble très peu probable (et bien que ce ne soit
pas totalement impossible) que les ummites aient pu recueillir à proximité
d’une planète située à plus de 14 années lumières, un signal comme celui
qui a pu être émis par un bateau norvégien entre le 5 et le 7 février
1934, si ce fait était avéré. Il n’est néanmoins pas interdit d’essayer
d’imaginer de futures avancées technologiques qui permettraient une
telle prouesse...
Il m'a semblé intéressant d'inclure
les précisions apportées par Norman Molhant
En 1923 des radio-amateurs découvrent que la bande HF
(3 à 30 Mhz) permet aussi la propagation à grande distance, découverte
qui déclenche bientôt dans plusieurs pays des recherches sur la propagation
des fréquences encore plus élevées, d'où plusieurs expéditions maritimes
menées par la Grande-Bretagne, la Norvège, le Danemark et d'autres pays.
Ces recherches permettront de découvrir la réflexion sporadique des
ondes radio dans les bandes VHF et UHF par les traînées météoritiques
(meteor scatter), la réflexion par les aurores boréales, la réflexion
par dispersion et conduction dans la troposphère (tropo scatter & tropo
ducting). Au début des années '30, ces recherches
battent leur plein et les modes de communication à très grande distance
sont examinés dans le détail par les nations dépendant le plus du commerce
maritime.
Quelques références:
- "200 meters and down" de Clinton B. DeSoto, publié en 1936, un classique!
Republié par la ARRL (American Radio Relay League), sauf erreur...
- Je me souviens aussi de quelques remarques à ce sujet dans "Radio
Amateur: the first 100 years", publié par la RSGB (Radioamateur Society
of Great-Britain). Ces deux ouvrages sont encore disponibles auprès
de ces sociétés, je pense. Malheureusement, les sites web de l'ARRL
et de la RSGB sont très largement fermés aux non-membres (c'est moche,
parce qu'ils offrent pas mal d'information historique). Le reste, je
l'ai glané au fil de mes lectures de "Wireless World" à l'époque où
j'étais abonné, puis dans des discussions avec mes profs de radioastronomie
(qui avaient bien connu cette époque, participant même à certaines recherches)
quand j'étais étudiant à l'université de Bruxelles, au milieu des '70.
Ce site-ci donne quelques infos utiles sur les recherches menées par
Marconi au début des années '30: http://www.quercus.demon.co.uk/thistory.html
D'autres infos sur les débuts de la radio en
VHF et UHF (on y mentionne ces expériences de Marconi aux alentours
de 500 Mhz ainsi que des liaisons à travers la Manche sur 1500 Mhz durant
la même période) se trouvent dans ce document pdf sur le net: http://www.w9smc.com/SMC%20VHF/Consolidated%20history.pdf
Il y en a plein d'autres, il suffit de chercher avec des mots-clés parmi
VHF UHF Marconi radio -- mais surtout: history A
ma grande déception, le site de l'IARU (l'union internationale des radio-amateurs)
ne contient pratiquement pas d'informations historiques.
D'autre part, ce cher Vicenç me demandait: Il existait
des tubes operatifs en 1934 qui pouvaient emettre à 413 Mhz, bien que
c'etait à la limite de l'époque. Ce n'était pas des projects mais ils
fonctionnaient deja et le cargo norvegien pouvait être en train de les
tester. Si oui, peut tu me donner les références où tu as trouvé ça?
Oui, ces tubes existaient. Par exemple, Marconi utilisait
des tubes de ce genre pour essayer de transmettre entre son yacht "Elettra"
et la côte italienne autour de 500 Mhz, sur des distances dépassant
souvent 150 km. J'ai, par exemple, trouvé cet extrait intéressant sur
le site suivant: http://www.hamradioindia.com/Marconi/History.htm
:
" In this period MARCONI demonstrated the possibility of using
microwaves communicating between Santa Margherita Ligure and Levanto
(36 Km.). In 1932 he built the permanent radiotelegraphic connection
between the Vatican and Castel Gandolfo (summer seat of the Pontifex).
In the days 2-11 of august of that year he made important experiments
between Rocca di Papa and the Elettra until the distance of 224 Km.
(127 Km. beyond optical reach) and between Rocca di Papa and Senapro
of Capo Lipari in Sardinia, at the distance of 269 Km., using a wavelength
of 57 cm! In July the 26, 1934 MARCONI established the radiotelegraphic
connection between the Elettra and the radio beacon in Sestri Levante
with a wavelength of 63 cm., demonstrating how a ship could, in case
of fog and in total blindness, find safely the entrance of a harbor.
In march 1935 on the via Aurelia he performed some distant search experiments
which would eventually lead to the invention of radar. Together with
microwaves, he studied also television, foreseeing the future, and started
research on therapeutic use of radiowaves (Marconitherapy)."
Notez les longueurs d'ondes utilisées: 57 cm (526.3
Mhz) et 63 cm (476.2 Mhz). Je pense me souvenir que la firme Marconi
a publié un petit livre relatant la découverte de la radio par Marconi
et les premières décennies de la firme Marconi, allant au moins jusqu'au
décès de Marconi en 1937. Il me semble bien qu'il y avait là-dedans
pas mal d'informations techniques sur les expériences en VHF, en HF
et en micro-ondes effectuées par Marconi depuis le yacht Elettra, justement
à la période qui nous intéresse. Il y a une vingtaine d'années, ce tout
petit bouquin était disponible en permanence auprès de la firme Marconi,
pour une somme très modique: il l'est peut-être encore)
C'est Oliver Heaviside qui imagine en 1902 ces couches
pour expliquer les transmissions à longue distance effectuées par Marconi
dès 1901. En 1927, Appleton publie ses expériences démontrant l'existence
de ces couches, ce qui lui vaudra un Prix Nobel en 1947. En 1923 des
radio-amateurs découvrent que la bande HF (3 à 30 Mhz) permet aussi
la propagation à grande distance, découverte qui déclenche bientôt dans
plusieurs pays des recherches sur la propagation des fréquences encore
plus élevées, d'où plusieurs expéditions maritimes menées par la Grande-Bretagne,
la Norvège, le Danemark et d'autres pays. Ces recherches permettront
de découvrir la réflexion sporadique des ondes radio dans les bandes
VHF et UHF par les traînées météoritiques (meteor scatter), la réflexion
par les aurores boréales, la réflexion par dispersion et conduction
dans la troposphère (tropo scatter & tropo ducting). Au début des années
'30, ces recherches battent leur plein et les modes de communication
à très grande distance sont examinés dans le détail par les nations
dépendant le plus du commerce maritime. Comme déjà signalé en octobre
2002: Les tubes utilisés en émission à cette époque avaient des performances
médiocres à cette longueur d'onde de 72,56 cm (413,44 Mhz) - en extraire
des kilowatts à l'antenne paraît peu vraisemblable (cela eût permis
de développer des radars efficaces dès cette époque, chose qui n'a pas
eu lieu). Les antennes directives disponibles à cette époque sont les
antennes en nappe et les antennes Yagi-Uda. L'emploi d'une antenne en
nappe est à exclure sur un bateau (suspendue entre 2 mâts, une telle
antenne n'est pas orientable), il devait donc s'agir d'une antenne Yagi-Uda
(popularisée en 1928 par le prof. Yagi), offrant un gain probablement
assez important, sans doute de l'ordre de 18 à 36 db. 1934 est l'année
des premières émissions de voix à longue portée (transmissions transocéaniques
lors de l'expédition de l'amiral Byrd en Antartique: émetteur T20B de
Collins Radio) en HF, c'est aussi l'année où l'ingénieur Collins introduit
l'ampli classe B comme étage de sortie des émetteurs, portant ainsi
le rendement de ceux-ci à près de 50 %. SI l'émetteur utilisé par le
navire norvégien était comparable à celui utilisé par Byrd, on parle
d'un maximum de 100 watts à l'antenne pour plus de 300 watts consommés
par l'émetteur. Avec un gain d'un facteur 30 à l'antenne (réalisable
à l'époque avec une Yagi-Uda), la puissance équivalente émise dans l'axe
de l'antenne pouvait être de l'ordre de 3 kilowatts, près des limites
accessibles à l'époque. Bref, à l'époque on ne connaît pas encore très
bien les limites en fréquence des réflexions ionosphériques, on est
en train de découvrir d'étranges autres modes de propagation fonctionnant
jusqu'à des fréquences beaucoup plus élevées et les expériences battent
leur plein. Perso, la seule chose qui me surprend est la hauteur de
la fréquence utilisée: c'est vraiment très près des limites accessibles
aux tubes de l'époque.
Il est peu probable que l'émission en question ait eu
lieu à des fréquences inférieures à 30 Mhz. En 1934, on connaît déjà
assez bien les modes de propagation en HF, on s'intéresse plutôt aux
VHF (30 à 300 Mhz) et on commence seulement à s'intéresser aux fréquences
au-delà de 300 Mhz (les UHF). Il n'est pas impossible que l'émission
fut en fait aux alentours de 206,5 ou de 137,5 Mhz et que les oummains
aient capté la 2-ième ou la 3-ième harmonique, vu la non-linéarité des
plasmas ionosphériques à ces fréquences, meis cela me semble peu probable.
Je penche plutôt pour une émission un peu au-delà de 413 Mhz, la différence
de fréquence s'expliquant par l'effet Doppler (selon les indications
données dans d'autres lettres, IUMMA ayant une vitesse en approche assez
élevée, ce qui n'est pas rare pour les étoiles dans notre voisinage).
De C-A Brunet: Pour information, voici l' image d'un tube émetteur
disponible en 1934 . Je n' ai pas trouvé d' autres dispositifs capables
de fournir une puissance suffisante à 413 Mhz à cette période