L’ummite,
langue fonctionnelle ? Rappel Jean
Pollion (dans la suite, " JP ") a publié en 2002 un livre intitulé
" Ummo, de vrais extraterrestres " dans lequel il expose notamment son
travail sur la langue ummite, et la découverte de sa structure : " Tous
les modes d'expression des Ummites (vocaux ou télépathiques) sont
construits sur un langage "vocal" de base présenté dans les documents.
(expressions de "premier niveau"). Dans cette langue sans équivalent terrien,
chaque phonème émis (son élémentaire comme ceux que
l'on émet en prononçant A, S, T, W, O, I, etc…) exprime une idée,
une abstraction. J'ai appelé cette expression sonore qui évoque
un concept: un "soncept" [son + concept], ce qui donne à ce langage une
structure "idéophonémique", mot inventé par analogie avec
"idéographique". Il
n'y a pas de grammaire ni de syntaxe. Il n'y a pas de nom, d'adjectif, de verbes,
mais seulement des idées relationnelles et 3 conventions d'assemblage dont
le doublement d'un son, qui ajoute l'idée d'égalité, d'équilibre
et de permanence à l'idée véhiculée par le son. Les
langues terriennes désignent un objet par un mot et il y a autant de mots
que d'objets ou d'idées, nécessitant des dictionnaires qui servent
de référentiel de signification et des systèmes de grammaire.
On constate très vite que la langue ummite suppose une forme de pensée
"fonctionnelle", dans laquelle les objets n'existent pas, mais sont définis
par leurs fonctions, contributions ou composantes fonctionnelles. Aucun dictionnaire
n'est nécessaire, les "mots" étant eux-mêmes explicites. "
- Résumé explicatif du système de langage idéophonémique
(https://www.ummo-sciences.org/index.htm)
Pour de plus amples explications,
je ne peux que vous référez à son livre. L’alphabet
ummite On trouve 24 lettres
dans les documents ummites, qui sont celles de l’alphabet romain exceptés
le J et le P. On notera que ces lettres ne correspondent qu’à une transcription
phonétique approximative de leur langue : " Les mots notés
dans ce document sont des expressions graphiques approximatives de leur phonie
réelle " -D21. Jean
Pollion n’en retient lui que 17, correspondant chacune à un " soncept " :
A = effectivité, B
= contribution, D = forme, manifestation, E = image
mentale, perception, idée G = organisation I =
différence, altérité K = mélange, rapprochement L
= équivalence, correspondance M = relation |
N = flux, transfert O = réalité dimensionnelle,
l'être, créature R = imitation S = cycle,
alternance T = évolution U = dépendance W
= modification, information Y = ensemble, paquet, groupe - |
Les lettres C, F, H, Q, V, X et Z, que
l’on trouve dans les lettres, ne sont pas retenues par J. Pollion soit pour des
raisons d’homophonie en espagnol (V pour B, C et Q pour K), soit pour des erreurs
de transcription " évidentes " (cas du H et du Z). Toutes ces
lettres sont effectivement fort rares (fréquence inférieure à
0.2%), à l’exception notable du X. Un cas curieux car il est apparenté
par Jean Pollion à GS : or, la prononciation espagnole " normale "
l’assimile plutôt à CS (ou KS pour reprendre les soncepts), voire
simplement à S, ce que l’on retrouve d’ailleurs explicitement dans la D32 :
"Nous utilisons le phonème
XI ou SI (il est difficile de trouver les lettres appropriées) qui signifie
CYCLE ROTATION ou RÉVOLUTION qui a une double acceptation. C’est-à-dire
qu'il s'agit de ce que vous appelez un mot homophone. Avec le mot "XI" ou "CSI"
nous exprimons aussi bien la rotation d'UMMO sur son axe (un jour) que celle par
exemple d'une roue ". Le
X est d’ailleurs substitué par un simple S dans certaines lettres (2 exemples
courants : SAABI – XAABI, et SANMOO – XANMOO). En outre, il est dit dans
la D-69.3 que " le G se prononce comme un H aspiré ", ce qui
ne cadre pas du tout avec l’assimilation S = GS. Enfin, la lettre X est beaucoup
plus fréquente que le G, le S ou même le K (sans parler du C) ;
de fait, c’est même la consonne la plus fréquente. On voit donc mal
pourquoi reléguer le X au rang d’une combinaison qui n’est pas phonétiquement
correcte et va à l’encontre de la pratique des lettres ummites. On
notera également que sur les lettres restantes, le K, le R et le T sont
très peu fréquents (à peine 1% pour l’ensemble des trois).
En conservant le X, il n’y a donc que 15 lettres véritablement fréquentes,
qui totalisent près de 99% des lettres utilisées. De
plus, les 5 voyelles AEIOU représentent un peu plus de 70% des lettres
utilisées, dont 53% pour les seules AIO, et un peu plus de 60% des mots
commencent par A, I, O ou U. Plus de 95% des mots se terminent également
par une voyelle. Si l’on ajoute que le I et le Y sont interchangeables par homophonie
(voir plus loin) ainsi que le U et le W, la fréquence des " voyelles "
passe à plus de 77%. Notons
que cette concentration des fréquences est supérieure à l’espagnol,
où il faut utiliser 9 lettres (dans l’ordre décroissant EAOLSNDRU)
pour arriver à 77%, les trois premières n’atteignant que 37% (contre
53% pour l’ummite). Bien évidemment,
ces considérations sur les fréquences doivent être prises
avec de grandes réserves vu le faible échantillon dont nous disposons,
et en particulier par l’absence ou presque de phrases. Les
consonnes ne sont que très rarement doublées, à l’exception
du M et du N: AMIE, AMMIE ou encore OEMI, OEMMI par exemple (le cas du W est différent
car il est apparenté à une voyelle, U). Plus généralement,
la succession de 2 consonnes est très rare : les mots sont normalement
composés d’une série de 2 à 4 syllabes, elles-mêmes
constituées d’une consonne + une voyelle (éventuellement doublée),
ou de plusieurs voyelles. Des
synonymes toujours homophones Tout
lecteur des documents ummites aura immédiatement remarqué la similarité
de nombreux mots (synonymes), parfois à l’intérieur d’une même
lettre, traduits à l’identique ou de façon très proche. L’immense
majorité de ces " synonymes " est homophone (même prononciation,
même signification) pour un espagnol, et cette homophonie réside
quasiment toujours soit dans l’allongement d’une voyelle, soit dans la substitution
d’une lettre (Y par I, U par W quand il précède une voyelle, S par
X, V par B). Ces synonymes sont extrêmement répandus : sur les
1205 vocables que j’ai recensés (noms propres exclus et hors lettres NR),
près de 42% ne sont que des variantes d’un même mot. JP
argumente que les divers orthographes d’un même mot sont une façon
pour les ummites d’éclairer telle ou telle caractéristique :
la définition d’un mot étant fonctionnelle, on peut effectivement
envisager que selon le contexte, l’une de ses fonctions soit mise en avant, comme
si l’on faisait en quelque sorte varier l’angle de vue. Cependant, si tel était
le cas, cette approche devrait être purement fonctionnelle, c’est-à-dire
que l’on devrait trouver des orthographes relativement différents d’un
même " mot ". Ce n’est malheureusement pas le cas : on l’a
vu, les synonymes ne sont construits que sur la base de l’homophonie. Dans le
cas d’un mot fréquent, on a même l’impression que les synonymes ne
font qu’épuiser toutes les combinaisons possibles, ou presque, d’une même
prononciation :
BUUAWE |
IBOZOO | OYAGAA |
- BUAAWEE
- BUAUE
- BUAUEE
- BUAUIE
- BUAUUE
- BUAUUEE
- BUAWE
- BUAWEE
- BUAWEI
- BUAWWEE
- BUUAUE
- BUUAUEE
- BUUAUWEE
- BUUAWEE
| IBOOSOO
IBOOZO IBOOZSOO IBOSO IBOSOOUU IBOSZOO
IBOTZOO IBOZOOUU IBOZSOO IVOOSO IVOSZOO |
AYAGAA OIAGAA OIIAGAA OOYAAGA OOYAGA OOYAGAA
ORIAGGA OYAAAGAA OYAAGA OYAAGAA OYAGA
OYAGAAA OYOGAA YOAAGAA | On
note cependant que certains homonymes sont approximatifs en terme de prononciation
(le R de ORIAGGA n’est pas tout à fait homophone avec le Y, bien qu’il
s’en rapproche en espagnol), tandis que d’autres semblent résulter d’erreurs
de transcription (par exemple, deux lettres interverties comme YOAAGAA pour OYAAGAA). En
outre, il faut noter que les ummites attribuent au doublement des voyelles un
rôle bien précis : selon eux, il représente la traduction
graphique de l’allongement d’un son (" Le nombre de lettres écrites
signifie que dans notre phonétique nous étirons ces sons "
D357-2), ce qui est d’ailleurs rendu par un accent circonflexe dans les lettres
" francophones ". Je considère
donc qu’il faut " retraiter " les vocables en éliminant les synonymes,
ce qui ramène le nombre de vocables de 1205 à 659. Je
précise toutefois que même cette explication (allongement des sons)
n’est pas satisfaisante au vu du nombre de synonymes que l’on rencontre :
par exemple, pour OYAGAA, les 4 syllabes peuvent être allongées (O
en OO, Y ou I en II, A en AA, GA en GAA), y compris en combinaison. La question
qui se pose est bien sûr : à quoi sert cet allongement ?
Il pourrait être l’équivalent d’un accent tonique, ou d’un ton, qui
modifient le sens d’un mot ou marque une flexion par exemple. Mais ce n’est visiblement
pas le cas puisque le sens est toujours exactement le même (et réciproquement,
certains mots ne sont JAMAIS altérés, par exemple GAA, qui est pourtant
constitutif de OYAGAA = OYAA+GAA = planète / astre froid + carré).
Il y a bien de rares exceptions (par exemple, IEN qui veut dire aussi bien 2 que
paire ou troisième) mais il ne semble pas y avoir de lien entre ces variations
de sens d’un même mot et ses variations orthographiques. Il est difficile
de conclure en l’absence de phrases complètes, mais j’avoue qu’il y a là
un point qui demeure obscur. Je note
au passage que certaines indications sur la prononciation ummite semble assez
peu compatibles avec les soncepts : par exemple, la D21 dit " Nous
sommes originaires d'une Planète dont l'expression verbale phonétique
pourrait s'écrire ainsi : UM-MO (le "U" très fermé et guttural,
le M pourrait s'interpréter comme un B) ". Au passage, si tel
est le cas, pourquoi retranscrire ce son avec un " M " ? Ce mystère
mis à part, si le M sonne comme un B (qui lui même sonne comme un
V en espagnol, du moins en Espagne), que dire des respectifs soncepts ? Même
problème pour le A et le E si l’on en croit la D357-2 : " l'Âme
Collective ou BUAUe BIAEII (le "e" se prononce comme une synthèse de A
et E) " : que deviennent les 2 soncepts ? Limitation
phonétique des combinaisons de soncepts Un
inconvénient majeur d’une langue fonctionnelle telle que décrite
par JP, c’est que de très nombreuses combinaisons de soncepts sont imprononçables
et doivent donc être exclues sur la seule base de la phonétique.
Imaginons par exemple que l’on veuille exprimer " l’évolution cyclique
d’une organisation ", ce qui traduirait bien la rotation d’une assemblée,
ou le turn-over du personnel dans une entreprise, ou encore le roulement des équipes
dans une usine. En un essai de traduction, on se retrouve devant le " mot "
TSG, qui est imprononçable. Il
est cependant très facile de remédier à cela :
-
ajoutons par exemple un O et nous obtenons
TSOG : l’évolution cyclique, l’alternance des créatures
organisées (puisque c’est la rotation de personnes) ;
-
on peut aussi ajouter un U (TSUG : l’évolution cyclique,
l’alternance d’une organisation dépendante - puisque les membres
d’une organisation dépendent les uns des autres) ;
-
ou bien un A (TSAG : l’évolution cyclique, l’alternance
effective d’une organisation – puisque c’est bien un changement réel,
effectif des membres qui sont substitués par d’autres, et non une simple
réorganisation par permutation des membres entre eux) ;
-
ou encore un I (TSIG : l’évolution cyclique, l’alternance
d’une organisation différente, non identique –toujours en insistant
sur le fait que l’organisation se perpétue tout en étant différente,
ce qui est l’idée du cercle ou de l’onde : on parcoure des points
différents tout en conservant la structure). Ce
que l’on constate, c’est qu’il est extrêmement facile d’ajouter un des soncepts
" voyelles " à un mot sans en affecter le sens général.
Vous me direz, ça tombe bien puisque cela permet de remédier au
problème de prononciation précédent, mais d’une part ce n’est
pas très économe, et surtout, cela pose la question de la pertinence
de ces soncepts voyelles : s’ils sont aussi " passe-partout " et
n’altèrent pas ou peu le sens des mots, est-ce qu’ils ont vraiment une
fonction intrinsèque ? Pour
cela, revenons au principe de langue fonctionnelle de JP. Une
langue fonctionnelle ? Précisons
tout d’abord que le terme de " langue fonctionnelle " tel que l’utilise
JP ne correspond pas à une définition linguistique. Il y a bien
eu une école du fonctionnalisme en linguistique, dont le chef de file était
le français André Martinet (Éléments de linguistique
générale – 1960), mais cela n’a pas grand chose à voir (elle
s’inscrivait d’ailleurs dans le courant du structuralisme du cercle de Prague,
issue de la tradition saussurienne, c’est-à-dire d’essence aristotélicienne :
rigoureuse mais réductionniste). Notons
également que les ummites ne décrivent pas davantage leur langage
courant comme étant spécialement différent des nôtres.
Par exemple, dans la D77 qui décrit leurs différents types de langage,
celui dont il est question ici " Le premier, DU-OI-OIYOO (on peut le traduire
par langage de liaison) utilise des idéogrammes dans leur expression graphique
et des groupes de vocables (ndt: Voces pluriel de Voz: voix, bruit, cri, mot,
vocable) liés ou connectés qui représentent des concepts,
des valeurs et des objets concrets et même des idées complexes ordonnées.
C'est un véhicule qui sert pour converser de questions routinières
(langage domestique, technique, macrosocial vulgarisé) ". Ce qu’ils
décrivent (sans guère de détails malheureusement) comme étant
véritablement révolutionnaire et différent, ce sont leurs
autres langages, en particulier ce langage codé à base de répétitions
de phonèmes qui s’inscrit dans le langage courant comme un second train
de pensées simultané. JP
définit l’ummite comme fonctionnel par opposition avec la relation mot-objet
(ou mot-idée): " Les
langues terriennes désignent un objet par un mot et il y a autant de mots
que d'objets ou d'idées, nécessitant des dictionnaires qui servent
de référentiel de signification et des systèmes de grammaire.
On constate très vite que la langue ummite suppose une forme de pensée
"fonctionnelle", dans laquelle les objets n'existent pas, mais sont définis
par leurs fonctions, contributions ou composantes fonctionnelles ". On
remarquera au passage que cette caractérisation des " langues terriennes "
est assez caricaturale et loin de faire l’unanimité : c’était
effectivement, en simplifiant beaucoup, celle de Saussure et du structuralisme,
mais la linguistique a énormément progressé depuis plus de
50 ans. Une langue ne contient d’ailleurs pas que des mots-objets, loin de là
(verbes, adjectifs, pronoms, articles, etc.), et il n’y a pas non plus un mot
pour chaque objet ou idée, heureusement ! JP
introduit en outre la notion de soncept, qui serait la plus petite unité
signifiante du langage ummite. Dans
une langue fonctionnelle, chaque soncept devrait pouvoir s’exprimer comme une
fonction. Or, qu’est-ce qu’une fonction ? Il me semble qu’elle peut être
réduite à 2 caractéristiques fondamentales : celle de
relation, et celle de transformation. Une fonction établit toujours une
relation (ou un lien) entre son objet et son résultat, et ce résultat
diffère de l’objet initial par une transformation (ou une opération).
En mathématique, on la représente ainsi par f(x)=y. Le problème
d’une langue purement fonctionnelle, c’est qu’elle n’a jamais d’objet auquel s’appliquer :
chaque soncept (fonction) ne s’applique qu’à un autre soncept, et ainsi
de suite. Mais cette lecture ne colle
pas exactement, je crois, avec la théorie que propose JP de cette langue
fonctionnelle. Pour lui, la fonction (le soncept) ne s’applique pas à d’autres
fonctions, mais décrit un attribut de l’objet (qui n’est, lui, jamais défini).
Il s’agit de la (ou des) fonctions de l’objet lui-même, et non d’une fonction
de la langue. Prenons l’exemple le plus simple, celui d’un objet : l’objet
en soi n’est jamais nommé (pas de mot-objet), il ne peut être qu’inféré
à partir des différents attributs qui sont décrits. De façon
encore plus restreinte, ce ne sont d’ailleurs pas ses attributs mais uniquement
ses fonctions qui sont décrites. Ainsi, on ne décrit pas ce que
l’objet EST, mais ce qu’il FAIT (et on retrouve ici la fixation des ummites contre
le verbe être et la relation sujet-prédicat, qui ne fait que reprendre
les thèses de Russel et de Whitehead, celle de la sémantique générale
de A. Korzybski, ou encore celle du mouvement E-prime fondé par Bourland,
tous ces travaux datant de la première moitié du XXème siècle). On
devrait donc logiquement se retrouver avec des verbes en lieu et place des noms :
un oiseau deviendrait par exemple " ce qui vit, qui vole et qui chante ".
L’un des problèmes de ce type de construction, c’est que plus vous voulez
être précis, plus la liste des fonctions doit s’allonger puisque
" nommer " revient alors à " encadrer " le nom sans
jamais l’atteindre: " qui vit " peut être n’importe quel animal
ou plante, " qui vole " peut être un avion, " qui vit et
qui vole " peut être une chauve-souris. Si vous voulez vous référer
à une cigogne ou à une autruche, les choses se compliquent !
En outre, chaque fonction doit " maximiser " son pouvoir de discrimination
par-rapport aux autres, afin de réduire au maximum le nombre de fonctions
(de soncepts) à utiliser. Enfin, les fonctions elles-mêmes peuvent
être " réduites " : " qui vole " est un
sous-ensemble de " qui bouge ". Au final, on peut représenter
un mot par l’intersection d’un certain nombre d’ensembles, dont on essaiera de
réduire au minimum le nombre et/ou la " taille ". Fonctions
ou simplement attributs ? Mais
le langage ummite et les soncepts ne fonctionnent pas non plus de cette manière.
Tout d’abord, curieusement, JP définit TOUS les soncepts (fonctions) non
par des verbes, mais par des noms. Certes, on peut toujours les exprimer sous
forme de verbes plus ou moins déguisés : l’être est ce
qui est, la forme est ce qui se manifeste, l’évolution est ce qui évolue,
la dépendance est ce qui dépend, etc. Mais en analysant les " traductions "
des mots ummites par JP, on ne peut que constater que de nombreux soncepts n’ont
plus rien d’une fonction : X (GS) devient souvent une onde, Y est un groupe,
E est une perception ou une idée, O est une créature, etc. Il ne
s’agit donc plus de fonctions, mais simplement d’attributs, purement descriptifs. Absence
de discrimination des soncepts Beaucoup
plus grave, et à mon avis c’est là que réside une des faiblesses
fondamentales du système, les soncepts ne sont pas discriminants ;
au contraire, ils sont pour la plupart extrêmement généraux
et donc vagues, tout en se recoupant souvent. De fait, ils peuvent souvent (mais
pas toujours) s’appliquer à peu près à n’importe quoi. Voyons
pourquoi ces soncepts voyelles sont si malléables, en reprenant la définition
des plus courants telle que proposée par JP dans son livre, classés
dans l’ordre décroissant de leur fréquence:
A |
Le soncept A exprime une idée commune à l'action
et à la vérité ou la réalité
par l'action ou l'activité constatée, l'effectivité.
L'action est en elle-même vraie, puisque objectivement constatable. L'action
est aussi quelques fois le fait du nombre. Selon les contextes, on transcrit le
soncept A par: vérité, véracité,
action, activation, effectivité, réalité, confirmation active,
etc.. | On peut dire
de tout objet ou idée qu’il est vrai ou réel, de toute action qu’elle
est effective. En outre, JP traduit parfois simplement ce soncept par " effectivement ",
ce qui ne fait que renforcer le sens du reste sans le modifier. Faites un petit
test : prenez n’importe quelle phrase dans un livre, et saupoudrez de " effectivement ".
Vous verrez, ça passe en général très bien mais ça
ne change rien au sens du texte… |
O | Ce
soncept évoque l'idée de "réalité dimensionnelle".
C'est-à-dire celle de l'être. Comme le langage est d'essence de "description
fonctionnelle", il ne lui est pas nécessaire de définir plus avant
ce qui a une "existence descriptible par des équations", aussi compliquées
soient-elles. C'est pourquoi, ce soncept sera transcrit, selon les contextes,
par: "entité, existence, être, créature".
S'il s'agit de créations humaines, je propose l'équivalent de
nos expressions "truc, machin, chose" et autres "bidule,
dispositif, objet, constituant" ou tout autre mot équivalent.
Il s'agit de dénommer toute "réalité dimensionnelle",
matérielle ou immatérielle. Y compris les "dimensions"
elles-mêmes, constituants ultimes des modélisations. |
On retrouve là une formulation passe-partout pour " ce
qui est ", cependant restreinte au domaine du concret (" ce qui existe "
serait sans doute une meilleure traduction). Le soncept peut donc s’appliquer
à tout ce qui n’est pas une idée ou un concept (abstraction). La
traduction proposée par JP de truc, machin, chose, bidule montre bien le
peu de précision du concept. |
I | Le
son I porte un concept commun à l'idée majeure de différence.
Nous dirions de non-identité. Toutes les transcriptions données
ci-dessous ne sont que des formulations, selon notre système de nuances,
de cette idée centrale. Je transcris le son I selon les contextes,
par: "différent, autre, distinct, séparé,
varié, divers, écart, opposé, indépendant…et tous
les substantifs qui s'y rattachent: différence, altérité,
séparation, variété, diversité, indépendance,
et beaucoup plus rarement opposition. |
N’importe quoi peut être défini comme étant
" l’autre " de ce qu’il n’est pas. Choisissez une idée ou un
objet, et pensez à tout ce dont il (elle) est différent. Par définition,
c’est tout sauf l’objet /idée en question, ce qui fatalement n’est pas
du tout précis. | U |
Il est celui qui évoque le concept de la dépendance
ou de l'influence, selon le point de vue, et naturellement la forme la
plus courante de la dépendance qu'est la condition. |
N’importe quoi étant dépendant de ce qui l’entoure,
et ayant une influence sur lui, on peut appliquer ce concept à tout ce
que l’on veut. Il est en outre remplacé parfois par O par " homophonie ",
ce qui ne pose pas vraiment de problème. |
E | Ce
son porte un concept que je transcris, selon les contextes, par: "perception,
représentation mentale, image résultat mental des stimuli transmis
par les organes des sens, sensation(s), etc.. " |
Comme le dit lui-même JP : " Un Ummite ne désigne
pas, en effet, directement un objet ou une idée. Il commence souvent par
exprimer qu'il s'agit de l'image mentale que l'on a de…. C'est pourquoi on trouve
d'assez nombreux vocables qui commencent par "image mentale" ". Effectivement,
on ne connaît le monde qu’à travers la représentation qu’on
en a, et à partir de là, n’importe quoi peut être affublé
de ce soncept, que ce soit un objet (indirectement connu via la représentation
que s’en fait notre cerveau) ou une idée (directement produite par notre
cerveau). | X |
X n'est pas un soncept, mais la transcription du couple
G-S. On retrouvera donc, en équivalence
de cette transcription, toutes les combinaisons faisant intervenir G pour
organisation, agencement, et S pour rond, cercle, tour, cycle, périodicité,
répétition - dans les contextes ondulatoires:
tout ce qui caractérise les ondes est exprimable par des périodicités
organisées,
- dans les contextes sociaux avec
la notion de permutation qui est aussi une organisation de l'alternance,
- etc…
| On notera la redondance
avec le soncept N qui s’applique également à tout ce qui est train
d’ondes, rayonnement, etc. |
W | le
soncept W exprime, selon les contextes : "variation,
changement, nouveauté, événement, information, … " |
Difficile de trouver quelque chose qui ne change pas… Ce concept
est souvent interchangeable par homophonie avec le U, ce qui est assez facile :
par lien de cause à effet, toute dépendance ou influence affecte
les deux parties et provoque ainsi un changement, une altération. |
N |
Ce soncept véhicule l'idée principale de "flux",
de "déplacement", non pas au sens de transport que l'on trouve dans la
notion de véhicule, mais dans des notions comme celle d'écoulement.
Le flux peut être immatériel, bien que réel, comme un flux
de particules, d'ondes, un rayonnement. Cette idée principale sera rendue,
selon le contexte, par: "flux, transfert, écoulement,
migration, rayonnement …" | On
retrouve la notion de mouvement non plus interne (le changement, du soncept W)
mais " externe " : il s’agit du déplacement. Définir
un objet par le mouvement ou son absence n’est pas très précis (peu
de choses sont immobiles) et assez primaire. Par exemple, chez le nouveau-né,
le type de mouvement (continu ou non, trajectoire) est un des moyens de distinguer
entre les êtres vivants et les objets, et également entre les " amis "
et " ennemis ". |
D | Le
son D espagnol, véhicule un concept que je transcris, selon les
contextes, par: "apparence, aspect, manifestation,
semblant, forme,.." | Tout
a une forme, une apparence. Cherchez quelque chose qui n’en a pas, pour vous en
rendre compte. | Y |
Le soncept Y véhicule nos idées de : "volume
et de regroupement que je propose de rendre par nos notions de "paquet",
"groupe", "ensemble". L'idée est à la fois quantitative
et de volume, on le verra. L'idée de regroupement est sous-jacente, de
même que de rassemblement. En étendant la notion mathématique
d'ensemble, on trouvera ce concept dans les groupes constitutifs de réseaux,
que nous pourrions qualifier de sous-ensembles. A ce titre, ce soncept a une place
privilégiée dans la culture ummite, puisque toute la conception
et l'expression de la collectivité sont construites sur la notion de groupe
ou de réseau. | Soncept
proche du suivant : le regroupement est une forme d’organisation |
G |
Le soncept G évoque une idée commune à
toutes les formulations suivantes: "agencement,
organisation, positionnement, structure, présentation (au sens où
celle-ci est témoin d'une organisation ad hoc), etc.." |
Là encore, JP précise : " Les particules,
les atomes, et mêmes les individus, dans les sociétés (réseaux)
sont l'objet d'une organisation qui traduit, en partie, leurs degrés
de liberté. " Autrement dit, tout ou presque fait partie d’un
réseau, tout est organisé, tout a un ordre. |
M |
Ce soncept véhicule l'idée principale de "mise en
relation". Elle sera rendue, selon les contextes, par: "association,
juxtaposition, union, réunion, couplage, relation". |
Difficile de trouver quelque chose qui ne soit pas en relation
avec autre chose… | B |
Le son B espagnol est un son intermédiaire entre
le V et le B en français. Ces deux transcriptions portent
l'idée de contribution en tant que "action d'un agent extérieur
à une réalité visant à accroître un quelconque
niveau constitutif de cette réalité". Je propose de la transcrire,
selon les contextes, par : "contribution, concours
(comme prêter son..), apport (immatériel), participation, cause….
" | Tout contribue
à quelque chose, par le simple fait d’exister. | Regroupement
des soncepts On se rend compte
en analysant les définitions que JP donne aux soncepts qu’ils se regroupent
à peu près dans 3 grandes catégories que j’ai baptisées
de temporelle, spatiale et relationnelle :
Catégorie |
Définition |
Soncepts |
Temporelle |
Caractérise le changement, l’évolution dans le
temps, qui peut être interne (changement) ou externe (mouvement). |
N, W, S, T | Spatiale |
Traduit l’organisation, la disposition dans l’espace, l’état
(incluant la simple existence). Espace ne doit pas être réduit ici
à l’espace physique, au concret: " spatial " peut s’appliquer
dans cette définition à une idée. Il s’agit de décrire
un état de façon absolue (et non relative). |
G, D, O, A, S, K |
Relationnelle | Définit
le type de relation au reste du monde, aux " autres ", l’état
relatif. Cette relation peut être " passive " (position d’un objet
par rapport à un autre par exemple) ou " active " (action d’un
objet sur un autre). | M, E,
U, I, Y, B, L, K, R | NB :
le S peut prendre un sens spatial (circulaire) ou temporel (répétition),
tandis que le K est à la fois spatial (mélange) et relationnel (rapprochement). Le
" tour du monde en 17 soncepts " A
vrai dire, il était prévisible que les 17 soncepts soient assez
vagues. En effet, dans cette langue fonctionnelle, tout doit pouvoir se ramener
à une combinaison de 17 briques fondamentales. Autrement dit, le dictionnaire
ummite existe bel et bien mas il n’a que 17 entrées. Sans trop m’avancer,
je vois mal comment exprimer n’importe quelle idée et désigner n’importe
quel objet à partir d’un nombre aussi limité de concepts, même
en faisant abstraction de la longueur des mots. On retrouve là une inspiration
mathématique d’un formalisme poussé à l’extrême, où
17 soncepts représenteraient en quelque sorte les axiomes de base du langage.
Je ne doute pas que l’on puisse construire
une représentation du monde à partir de 17 concepts, mais ce monde
sera soit extrêmement pauvre et très structuré (l’univers
des programmes d’un langage de programmation très simple muni de 17 opérateurs
par exemple), soit extrêmement " flou " et très riche.
Autrement dit, un tel langage fonctionnel est soit trop spécialisé
(il ne décrit bien qu’une faible partie de la réalité) ,
soit trop général (il décrit un univers très vaste
mais mal). Nous avons des exemples du premier cas (langages spécialisés,
qui s’apparente souvent à des codes : par exemple, l’ensemble des
panneaux de signalisation constituant le code de la route, ou l’ensemble des règles
du jeu d’échecs), mais pas du second me semble-t’il (sauf peut être
dans le monde animal, mais c’est très spéculatif). Nos
langues terrestres représentent un compromis entre ces deux extrêmes :
suffisamment générales pour s’adapter à toutes les situations,
mais suffisamment spécialisées pour être utilisables (mémorisation,
apprentissage, prononciation, etc.). La
dépendance au contexte Un
autre problème critique de la langue fonctionnelle de JP, lié au
précédent, est sa référence permanente au contexte.
Pour chaque soncept, JP établit une liste de " sens " approchés
en précisant bien à chaque fois : " selon le contexte ".
Or ce contexte, quel est-il ? Dans les lettres, les mots ummites sont quasiment
toujours isolés (on ne trouve qu’une demi-douzaine de phrases pour plus
d’un millier de vocables), et la plupart du temps traduits. Puisque l’on dispose
à la fois du contexte et mieux encore, de la traduction, il n’est pas très
difficile de " choisir " pour chaque soncept, dans la liste des définitions
proposées par JP, celles qui colleront le mieux (c’est d’autant plus facile
que les définitions, on l’a vu, sont extrêmement flexibles). Mais
imaginons un instant une véritable phrase ummite. Le contexte, c’est celui
des autres mots eux-aussi ummites. Comment peut-on savoir ce que désigne
alors " les différences effectives de ce qui est distinct "
(IAI) ? Sans contexte, je mets au défi quiconque ne connaît
pas déjà la traduction de trouver un sens précis à
cette expression (si tel est votre cas, ne tournez pas la page tout de suite et
cherchez un moment !). IAI veut
dire " parfum, odeur " et JP nous explique que " La signature
olfactive est fondamentale pour l'Ummite. Pour lui, les parfums, les odeurs sont
les signes objectifs de ce qui lui est "autre", extérieur, étranger ".
Mais c’est tout aussi vrai des sons, des images, et plus généralement
encore, de n’importe quel attribut distinctif de quelque chose ou quelqu’un qui
ne soit pas lui-même ou à lui-même. Le béret de mon
grand-père est un signe qui le distingue effectivement de moi ! En
outre, les soncepts utilisés ne sont pas discriminants : je ne vois
pas du tout en quoi le parfum ou les odeurs se caractérisent spécialement
par cette notion de " différences effectives du distinct ". Ne
serait-il pas plus logique a priori d’y associer la perception (E) ou le mélange
(K) par exemple ? A noter que dans sa recherche des soncepts, JP lui-même
s’est appuyé sur le parfum en tant que perception pour caractériser
le soncept E, à partir du mot salle de bains (E-XAABI) que seul le E différencie
de XAABI (" pièce, salle, maison ") : or, la salle de bains
ummite (à la différence de notre salle d’eau !) se caractérise
principalement par les bains de parfum, d’où JP déduit que E signifie
" perception ". On serait
tenté de dire que IAI est une combinaison courante, et que les Ummites
y reconnaissent immédiatement l’équivalent de " parfum, odeur ".
Mais alors, on n’est plus dans une logique de langue fonctionnelle, sinon dans
celle banale et bien terrestre de nos " mots-objets " ! On
pourrait également rétorquer que ce sens de " parfum, odeur "
est donné par le contexte. Certes, mais le contexte lui-même n’est
jamais qu’un ensemble de vocables (la phrase) dont chacun va poser le même
problème de définition : si dans la phrase X Y Z (où
X Y Z sont des vocables, cad des combinaisons de soncepts), le sens de X ne peut
être établi qu’en connaissant ceux de Y et Z, il en est de même
pour Y (fonction de X et Z) et de Z (fonction de X et Y). Autrement dit, soit
on tourne en rond, soit on en revient au mot-objet. Certains
diront peut être qu’en français, comme dans toutes les langues terrestres,
il est parfois indispensable de connaître le contexte pour saisir le sens
d’un mot (polysémie). Par exemple, le coq peut être l’animal ou le
cuisinier ; l’étymologie des 2 mots n’a d’ailleurs rien à voir,
le premier venant de l’imitation onomatopéique du chant du gallinacé
(cocococo, attesté en latin impérial chez Pétrone) et le
second du néerlandais kok (cuisinier), que l’on retrouve dans cook en anglais
et maître-queux en français (tous deux provenant du latin coquus).
C’est évidemment bien pire dans la langue parlée, à cause
des homonymes : le " chan " du coq peut aussi bien se référer
au cuisinier poussant la chansonnette, qu’au champ où se trouve le gallinacé !
On peut évidemment s’amuser à trouver d’autres exemples, mais ils
demeurent rares, et comme ils n’affectent que très peu de mots, le contexte
est clair et le sens correct s’en déduit facilement, ce qui n’est pas le
cas de la langue ummite telle que décrite par JP. Malheureusement
ou heureusement, il n’y a à ma connaissance qu’un seul véritable
exemple d’expression ummite qui ne soit ni explicite, ni placé dans un
contexte : " dans un
bavardage intranscendant comme UAEXOOE IANNO IAUAMII IE OEMII + UAMII XOA AALOA "
- D77 (note 4) Certes, on retrouve
le mot courant OEMII (homme, humain) ainsi que UAMII qui veut dire " aliments,
nourriture ", mais pour le reste, c’est l’inconnu. Voyons donc la traduction
que nous propose JP :
UAEXOOE
IANNO IAUAMII IE OEMII |
UAMII XOA AALOA |
- l'idée de permutation
nécessaire pour l'égalité des créatures (UAEXOOE)
- la variété effective des transferts
réciproques, échanges entre les créatures (IANNO)
- la
variété effective des aliments (IAUAMII)
- émotions
(IE)
- créature avec des perceptions en relation
avec son confinement [à sa planète] [être humain] (OEMII)
| les aliments ou l'alimentation
ou les repas (les nécessités en relation avec l'isolement) (UAMII)
l'organisation cyclique et l'efficacité des
créatures (XOA) équilibre effectif
équivalent et efficacité des créatures (AALOA). |
Ce qui donne: L'idée
de permutation nécessaire pour l'égalité des créatures,
la variété effective des échanges entre les créatures,
la variété effective des aliments sont des [sources d'] émotions
pour les hommes. | Ce
qui donne: "l'organisation cyclique de l'alimentation
est équivalente à la stabilité de l'efficacité des
créatures" ou "la régularité de l'alimentation est
un équivalent de la continuité de l'efficacité des créatures". |
Le moins qu’on
puisse dire, c’est que cela reste bien obscur, et très éloigné
de l’idée que l’on peut se faire d’un " bavardage intranscendant "
(le chit-chat des anglais, la conversa fiada des portugais ou encore nos savoureuses
expressions françaises : papoter, tailler une bavette). Pour
illustrer l’impossibilité pratique de communiquer avec une telle langue
fonctionnelle sans en connaître le contexte, j’ai imaginé un petit
" jeu " que je décrirai directement sur la liste. Est-ce
que les soncepts aident à la compréhension ? Nonobstant
leur validité, il est intéressant de se demander si cet outil proposé
par JP nous aide à mieux comprendre les lettres. Sachant que tous les mots
ummites à une poignée d’exceptions près viennent accompagnés
d’une traduction dans les lettres, la question est de savoir ce que la méthode
JP apporte de plus. Il est hors de question, bien sûr, d’examiner ici une
par une toutes les traductions proposées par JP dans le dictionnaire qui
accompagne son livre. Pourtant, l’exercice s’avère extrêmement précieux
pour qui veut juger de la réelle utilité de cette méthode.
Pour ma part, mon sentiment général
est que les traductions de JP à l’aide des soncepts n’aident pas à
la compréhension, voire souvent la rendent plus difficile. Ces traductions
sont en général très obscures et vagues, et on a constamment
l’impression de ne pas savoir à quoi l’on se réfère tant
que l’on n’a pas la traduction originale des ummites. De fait, plutôt qu’apporter
une aide à la traduction existante, on a l’impression que c’est l’inverse
qui se produit dans le processus : JP donne d’abord une traduction soncept
par soncept, mais en choisissant déjà certains sens plutôt
que d’autres pour chacun d’eux. Le résultat est souvent incompréhensible,
pris isolément. Ensuite, parfois en plusieurs étapes, il rassemble
cette traduction " sonceptuelle " pour en dégager une traduction
globale du mot, nettement plus intelligible en général (quoique…),
et qui s’applique à peu près à la traduction ummite originale.
Tout du long, on a franchement l’impression que l’on ne fait qu’essayer de revenir
au point de départ (la traduction), après avoir pris un obscur détour
sur ce chemin sonceptuel. La traduction par les soncepts ne fait au mieux que
corroborer la traduction normale, mais elle ne tient quasiment jamais par elle-même :
autrement dit, on ne comprend la traduction par les soncepts que si l’on connaît
déjà le sens du mot. Ce qui est exactement le fonctionnement d’un
code : il ne fait que cacher le sens original, sans rien lui apporter. Mais
je me rends compte que ces critiques peuvent paraître bien gratuites voire
déplacées alors je vais prendre quelques exemples, à ajouter
à ceux cités précédemment (IEN, IAI, etc.). J’en ai
choisi certains car ils étaient courts (et les mots courts sont en général
les plus difficiles à traduire en raison du peu de soncepts utilisés),
d’autres parce qu’ils étaient au contraire particulièrement longs
(avec de nombreuses répétitions des mêmes soncepts qui finissent
par perdre tout sens à force de redondance), d’autres encore car je trouvais
la traduction particulièrement hasardeuse (" forçant "
les soncepts pour arriver à retomber sur la traduction), et d’autres enfin
parce que je les trouvais drôles ! Tous ces exemples sont extraits
du livre de JP.
Définition
JP | Commentaires
Np | UO
Ce vocable apparaît deux fois, en A84.12 "Ainsi XOODIUMMO UO avec
une densité moyenne de 16,22 grammes/cm2", et en A124.15:
"…que nous appelons IAGIAIAAOO UO car elle fut la première détectée,..".
D'après le schéma publié par Ribera p43, le noyau de la planète
XOODIUMMO UO est désigné par le numéro 0". On constate
le décalage des comptages "cardinal" et "ordinal", car le zéro est
compté premier (voir Civilisation des Ummites, vol 1). La lecture brute
du vocable donne sa signification: "dépendance (U) des entités,
êtres, existences, créatures, réalités dimensionnelles
(O)", c'est-à-dire "ce dont les réalités dimensionnelles
dépendent" ou encore "[facteur de] dépendance des réalités
dimensionnelles". Nous pouvons l'exprimer par "premier, origine,
initiateur, et naturellement zéro". |
" Dépendance, influence, condition " + " réalité
dimensionnelle, entité, existence, être, créature", truc,
machin, chose, bidule, dispositif, objet, constituant " Cela
peut tout aussi bien se lire la condition de l’existence, l’influence des choses,
la dépendance de la réalité, etc. Il est curieux que le zéro,
qui marque l’absence, le vide, soit caractérisé par le soncept d’existence
dimensionnelle… |
IEAAYA Ce vocable n'apparaît qu'une fois, en A27.99
"…ouvrir les yeux pour la voir et manger et boire les AAYA IEAAYA (matières
fécales et urine) de la maîtresse de UMMO". On reconnaît
le segment AAYA (voir le vocable) qui exprime "une action d'équilibrage
effectif de l'ensemble". Le segment IE exprime "émotions" (voir
le vocable). Le vocable IEAAYA désigne "une action pour un ensemble
en équilibre effectif des émotions" ou encore "une action
pour un ensemble en équilibre effectif [d'origine] émotionnelle".
La transcription donne une solution très cohérente. Dans
notre logique et notre modèle de langage, les matières fécales
sont une chose et les urines une autre, différente de la précédente
par de nombreuses caractéristiques: les voies d'élaboration, les
voies et modes d'élimination et les caractéristiques physiques de
consistance, respectivement solides et liquides. La langue ummite est un véhicule
de descripteurs de fonctionnalités, et en tant que tel, réellement
indépendant de toute logique extérieure. Un preuve magistrale nous
en est donnée ici: nous avons vu que les matières fécales
AAYA (voir ce vocable) sont en réalité dénommées
"paquet de confirmation, de validation de l'équilibre" ou encore "action
d'équilibrage de l'ensemble" et partagent ce segment descripteur avec les
photons, qui sont aussi à leur manière un sous-produit du retour
à l'équilibre énergétique des électrons. L'urine
évoque aussi cette fonction de confirmation de l'équilibre de l'individu,
mais dans des conditions différentes, celles associées aux émotions.
La peur, la joie ou le rire ne sont-ils pas, pour nous aussi, des "déclencheurs"
privilégiés de miction? On constatera au passage la difficulté
que nous éprouvons à exprimer avec simplicité ce concept
de "différence de perception mentale" pour désigner nos émotions,
preuve qu'il ne fait pas partie de notre conscient exprimable au quotidien. La
langue ummite constitue, à ce titre, un tout vraiment original: qui pourrait
encore prétendre qu'elle est l'expression d'une pensée terrestre?
| Passons sur le côté
scatologique et demandons-nous vraiment si ce qui distingue l’urine des fèces
ce sont…. les émotions ?! J’avoue que l’expression pisser de rire
s’applique parfaitement à ce que j’ai ressenti en lisant cette traduction !
Plus sérieusement, il est clair que les émotions n’ont rien à
voir dans cette histoire : uriner sous l’effet d’une émotion forte
est rare et anecdotique comparé à la fréquence du besoin
bien naturel de se vider la vessie, et ces émotions fortes peuvent aussi
bien s’appliquer à la défécation. Personnellement, j’aurais
plutôt penché pour des " fèces liquides " par exemple. |
NOOXOEOOYAA
Ce vocable n'apparaît qu'une fois, en Ribp65, note 4 "planète
verdâtre" que j'ai déduit du contexte, par élimination. Confirmé
par l'extrait du dossier Aguirre en A13.131. On reconnaît le segment OOYAA
qui correspond à une forme pour "planète", "astre froid". Le segment
OOXO doit être lu OOGSO [GS=X, voir phonétique],
c'est-à-dire "entité à cycles organisés dans l'équilibre
de ses constituants (voir NOOSOEE). C'est-à-dire que le mercure
est ici clairement désigné pour l'exploitation de ses caractéristiques
physiques (voir aussi OOXEE). Le soncept N exprime "flux, transfert,
rayonnement". Le soncept E exprime "image mentale, perception, sensation".
Le segment NOOXOE évoque "la perception du rayonnement de l'entité
à cycles organisés dans l'équilibre de ses constituants",
ou encore "la perception du rayonnement du mercure". Le vocable complet désigne
"une planète perçue [avec] le rayonnement du
mercure" [couleur verte ou verdâtre, voir NOOSOEE]. |
Vous ne comprenez peut être pas bien le pourquoi de la référence
au mercure, alors allons voir à NOOSOEE. |
NOOSOEE Ce vocable n'apparaît qu'une fois, dans
un document traduit par le Gesto en D357.15, je cite couleur NOOSOEE (verte)",
postérieur au catalogue Moya et à la compilation Aguirre. Le segment
OOS exprime "entité, existence, être, créature, réalité
dimensionnelle, constituant (O) en symétrie, à égalité,
en équilibre, en équité, en réciprocité (O)
rond, cercle, tour, cycle, alternance (S)" c'est-à-dire "alternance
dans l'équilibre des constituants". Le soncept O exprime "entité,
existence, être, créature, réalité dimensionnelle,
constituant". Le segment OOSO évoque "l'entité avec alternance
dans l'équilibre des constituants". L'équilibre des constituants
(OO) est un élément majeur de l'état de la matière
(voir GOO). Le mercure est le seul métal qui est liquide à température
ordinaire et qui s'évapore facilement. Il est ainsi caractérisé
par des alternances de stabilité de ses atomes (liquide ou gaz). Le segment
EE exprime la "codification, modélisation, enregistrement" (voir
combinaisons courantes). Le soncept N exprime "flux, transfert". Le vocable
complet désigne "[la couleur de la] codification des flux de l'entité
avec alternance dans l'équilibre des constituants". La codification
des flux, ou l'enregistrement du rayonnement, c'est ce que nous appelons le spectre
d'émission. En effet, un flux est émis et l'enregistrement, la mise
en forme mathématique, ainsi que les mesures rattachées sont l'expression
d'une modélisation. On peut aussi rendre ce vocable par "[la couleur du]
spectre d'émission du mercure". En effet le spectre d'émission
[codification du rayonnement] du mercure est constitué de quatre raies
visibles, toutes dans le vert! | Si
vous n’êtes toujours pas convaincu que " codification des flux de l'entité
avec alternance dans l'équilibre des constituants " = spectre d’émission
du mercure =vert, allez lire à OOXEE |
OOXEE Ce vocable n'apparaît qu'une fois, en Ribp171
dans l'expression "YAA OOXEE (réservoir de mercure)". Et
cité par Moya en ref 390 "Dépôt de mercure". Il fait
partie d'une page manquante dans la compilation Aguirre en ma possession. On est
ici en face d'un cas typique de décalage de pensée. L'indication
associée de "réservoir de mercure" nous fait identifier le vocable
à "mercure "et YAA à réservoir. Mais la langue ummite n'est
pas identificatrice d'objets, elle est "désignante par la fonction" (voir
préambule de ce volume). De la même façon que TAXEE décrit
des cycles programmés de changement de consistance, OOXEE désigne
des changement d'état programmés: cycles de vaporisation, condensation.
L'indication complémentaire dit que c'est du mercure, mais le vocable désigne
les cycles (S) [GS=X] programmés, pilotés (EE)
d'organisation (G) de l'entité en équilibre, stable (OO)".
La reformulation donne "entité stable pour l'organisation de cycles
programmés". | On
trouve enfin ici la référence explicite au mercure, que JP a repris
dans les traductions précédentes pour arriver à la couleur
verte. Mais curieusement, et bien qu’il suggère lui-même dans NOOXOEOOYAA
de se référer à OOXEE, il se refuse ici à
le traduire par mercure ! |
SOOIOIBOZOO Ce vocable n'apparaît qu'une seule
fois, en A17.176 "pour nous un ETRE VIVANT est le RESEAU SOCIOIBOZOO
capable d'enrichir son contenu "relatif à sa masse" d'INFORMATION, se structurant
tout au long du temps avec une complexité plus grande. La transcription
du C n'a jamais été rencontrée, d'autant qu'il a une
prononciation spécifique en espagnol devant les voyelles e et i. Il s'agit
certainement d'une erreur de recopie pour un O, sur carbone par exemple.
On reconnaît le segment IBOZOO qui évoque "un point de manifestations
cycliques ou alternatives dans un équilibre de composants" (voir ce vocable).
Le segment IO exprime "différence, autre, distinct, séparé,
varié (I) entité, être, existence, créature,
réalité dimensionnelle, constituants (O)", c'est-à-dire
"une différence pour la créature". Le segment SOO exprime
"rond, cercle, tour, cycle, périodicité (S) entité,
existence, être, créature, réalité dimensionnelle,
constituant (O) en symétrie, en équilibre, à égalité,
en équité, en réciprocité (O)", c'est-à-dire
"cyclicité dans l'équilibre des constituants" [ondes gravitationnelles
stationnaires? et informatives?]. Le vocable complet désigne l'être
vivant comme "[un réseau de] points de manifestations répétitives
d'équilibre de composants avec des différences dans la créature
par cyclicité dans l'équilibre des constituants". |
De façon assez incroyable, alors que nous sommes clairement
face à un " terrestrisme " (SOCIO, radical bien terrestre, associé
à IBOZOO, un des mots ummites les plus fréquents), facilement compréhensible
dans le contexte, JP préfère invoquer une coquille invérifiable
et se lancer dans la traduction de SOOIO ! |
UAXOO Ce vocable apparaît plus de vingt-cinq
fois dans les documents. Les indications associées sont variées.
J'ai retenu en A16.156 "et un UAXOO (RECEPTEUR)", en A16.157 "Les
atomes UAXOO (CAPTEURS ou RECEPTEURS),", en A22.36 "..d'un équipement
AAXOO-UAXOO (EMETTEUR-RECEPTEUR)", en A45.80 "Pour notre part nous
disposons d’appareils Sensibles UAXOO IBOAYAA (DETECTEURS DE RADIATIONS)",
en A136-2.118 "..jusqu'à une série de UAXOO (DETECTEURS)
situés dans..", en A136-2.119 "UAXOO (DETECTEURS OU
RECEPTEURS)", en A136-3.128 "ou que les UAXOO (TRANSDUCTEURS)
soient perturbés". Ce vocable est cité trois fois par Moya en
ref 273 " Récepteur", en ref 275 dans l'expression UAXOO IAS "Récepteur
numéro 1", et en ref 276 dans l'expression UAXOO IEN "Récepteur
numéro 2". On reconnaît le segment UA qui exprime la dépendance
de l'effectivité ou l'action sous condition. Et le segment XOO,
transcription de GSOO qui exprime les ondes gravitationnelles. La reformulation
donne "[dispositif] dont l'activation des ondes gravitationnelles est dépendante
[de ce qui est à détecter]". Le dispositif est à la fois
détecteur spécialisé et transducteur. Qui est correctement
rendu par "détecteurs à transmission gravitationnelle". |
Le mot en soi n’a rien à voir avec la gravitation, il signifie
simplement récepteur, capteur. La D69-3 est extrêmement précise
sur ce point : " Sur toute la surface de
la XOODINAA se trouvent une série étendue de UAXOO. Ce sont des
organes détecteurs ou sensitifs activés par divers stimuli de nature
physique, chimique ou biologique. (Par exemple : fréquences électromagnétiques,
tensions élastiques, champs magnétiques et gravitationnels, gradients
électrostatiques, pressions statiques et dynamiques, présence moléculaire
de gaz, existence de moisissures et virus, etc.). Les techniciens en électronique
et les ingénieurs des systèmes terrestres diraient que ce sont des
transducteurs susceptibles de transformer la fonction énergétique
excitatrice en une fonction équivalente de nature : " Optique, gravitationnelle
ou de résonance nucléaire" ". Dans
la D41-5, on nous parle également de dispositifs AAXOO-UAXOO (ÉMETTEUR
-RÉCEPTEUR) d’ultrasons pour diriger leurs " dauphins " (GIIDII)
semi-domestiques. On retrouve d’ailleurs ce sens dans
NIIUAXOO (" canal récepteur ou transmetteur de données "
- D69.3 Note 3) et dans UULUAXOO (" La gamme de transducteurs sensibles
au spectre magnéto-électrique qui s'étend de 2,638.1014 à
5.32.1016 cycles/secondes ", ce qui correspond à peu près
au spectre du visible (d’où la racine UUL), ou encore dans UAXOOEXY
(" Les équipements de contrôle
physiologique ont été dotés de sondes transductrices
qui vérifient presque toutes les fonctions organiques, sans nécessité
d'introduire UAXOOEXY à l'intérieur des tissus organiques ") UAXOO
fait effectivement la paire avec AAXOO qui signifie émetteur (et on retrouve
également NIIAXOO : canal effecteur, transmetteur d'ordres ou de séries
d'impulsions). Intéressant si l’on songe au couple WAAM – UWAAM… A
noter qu’il semble y avoir une confusion dans les idéogrammes de la D33.3
entre UAXOO et AAXOO. Autre curiosité :
le mot UAXOO apparaît à plusieurs reprises dans la D47-1 pour désigner
le " sport, jeu ", à la place de OXUO… |
UULWA
Ce vocable n'apparaît qu'une fois, en A23.43 "…l'UULWA AGIADAA EEWEE
(1) une espèce de salopette très ajustée, dont les couleurs
dans ce cas, cercles jaunes sur un fond pourpre, constituent un code complexe
de couleurs et formes géométriques chromatiques qui représentent
les différentes spécialités professionnelles de notre monde…".
Cité par Moya, en ref 326 dans la même expression "Sorte de bleu
de travail, très voyant". On reconnaît UUL qui exprime "optique".
Le segment WA exprime "changements, variation, nouveautés, information
(W) vérité, action, effectivité (A)", c'est-à-dire
"la vérité des changements". Le vocable complet désigne "la
vérité des changements par l'optique". |
Contre-sens absolu ! UULWA est suivi de AGIADAA qui désigne
le métier de l’homme (l’ummite) dont on décrit la journée,
et EEWWEE signifie le vêtement (voir ci-dessous). On nous dit au passage
que les couleurs de ces vêtements sont associées à chaque
métier, en l’occurrence des cercles jaunes sur fonds pourpe pour l’homme
en question. Le mot n’a donc rien à voir avec sa couleur –contrairement
au " bleu de travail " ou aux " cols blancs " en français,
les ummites n’ayant pas l’exclusivité des uniformes colorés par
métier ! Il ne s’agit que (mot à mot) d’un vêtement d’inspecteur
d’équipement d’UULWAAGIADAA. |
UULWAAGIADAA Ce vocable n'apparaît qu'une fois,
en A21.22 "LE GEE (EPOUX ) Est actuellement inspecteur d'un équipement
de UULWAAGIADAA (Espèce de viseur semblable aux appareils terrestres
de Rayons X utilisés en Radiométallographie). Son travail consiste
à vérifier et à contrôler les enregistrements réalisés
pour comparer périodiquement l'état du sol et les terrains autour
des grandes conduites souterraines. Avec cet équipement on peut non seulement
vérifier la structure des couches géologiques mais leur composition
rocheuse, leur pourcentage de sable, d'argile et de gravier ou des substances
organiques. Un quelconque changement observé et qui pourrait endommager
les tuyauteries ou conduites, est calculé, codifié et remis au Réseau
des Ordinateurs, qui régit l'organisation de UMMO (XANMOO AYUBAA)".
La citation par Moya en ref 325 dans l'expression UULWA AGIADAA "Sorte
de dispositif à viseur utilisé en radiométallographie" est
à la fois une erreur de recopie et une grave erreur de lecture du texte
qui induit un contresens!. Ce vocable est un excellent exemple, double sur deux
niveaux, de la "règle" d'attribut multiple (voir sémantique). Exemple
de puissance dans la simplicité. La répétition du segment
AA invite à la lecture selon (UULW et AGIAD)-AA.
Dans le segment AGIAD, la répétition du soncept A
invite à la lecture selon A-(GI et D). Le groupe (GI
et A) exprime "agencement (G) différent (I) et manifestation
(D)". Le soncept A exprime "la vérité, l'effectivité".
Le groupe (GI et D)-A, ou encore AGIAD exprime "l'effectivité
des manifestations d'agencement différent". Le groupe UULW exprime
"optique (UUL) variations (W)", c'est-à-dire "des variations
optiques". Le groupe (UULW et AGIAD) évoque "l'effectivité
des manifestations d'agencement différent par des variations optiques".
Le segment AA évoque "la continuité effective", c'est à
dire "sans perturbation". Le vocable complet désigne "[un appareil pour]
l'effectivité des manifestations d'agencement différent par des
variations optiques sans perturbation". Que l'on peut reformuler par "[un
appareil pour] la vérification [effectivité] des symptômes
de déplacement ou des désordres [manifestations d'agencement
différent] par des variations optiques sans perturbation". |
Description du travail du mari. On notera que la racine UUL se
rapporte à l’appareil, alors que dans l’expression précédente,
JP l’attribue au vêtement… Pour plus de précisions,
voir AGIADAA ci-dessous. |
AGIADAA Ce vocable n'apparaît qu'une fois, en A23.43
"Il s'agit dans le cas particulier que nous commentons, de l'UULWA AGIADAA
EEWEE (1) une espèce de salopette très ajustée, dont les
couleurs dans ce cas, cercles jaunes sur un fond pourpre, constituent un code
complexe de couleurs et formes géométriques chromatiques qui représentent
les différentes spécialités professionnelles de notre monde.
(1) Le nom du vêtement se trouve associé au nom de la profession".
Cité par Moya en ref 325 dans l'expression UULWA AGIADAA
"Sorte de dispositif à viseur utilisé en radiométallographie".
La traduction véhiculée dans cette citation est tronquée
et induit un contresens grave. Et il n'est nullement question de radiométallographie.
Moya a mélangé avec un autre passage du même document, dans
lequel l'allusion à la radiométallographie n'est que de similitude:
A21.22 "LE GEE (EPOUX) Est actuellement inspecteur d'un équipement de
UULWAAGIADAA (Espèce de viseur semblable aux appareils terrestres de Rayons
X utilisés en Radiométallographie). Son travail consiste à
vérifier et à contrôler les enregistrements réalisés
pour comparer périodiquement l'état du sol et les terrains autour
des grandes conduites souterraines. Avec cet équipement on peut non seulement
vérifier la structure des couches géologiques mais leur composition
rocheuse, leur pourcentage de sable, d'argile et de gravier ou des substances
organiques". La répétition du soncept
A isolé invite à la lecture en attribut multiple (voir sémantique)
du vocable selon A-(GI et DAA). Le segment GI exprime
"organisation, agencement (G) différence, autre, distinct, séparé,
varié (I)", c'est-à-dire les "agencements différents"
ou les "différences d'agencement". Le segment DAA exprime "manifestations,
formes (D) équilibre effectif, égalité réelle,
continuité, stabilité (AA)[voir combinaisons courantes]",
c'est-à-dire "les manifestations stables". Le groupe (GI et DAA)
évoque "les manifestations stables des différences d'agencement".
Le soncept A exprime "vérité, action, effectivité".
Le vocable complet désigne un "[appareil pour] l'effectivité
des manifestations stables des différences d'agencement". Le contexte
est là pour nous aider à comprendre l'expression et sa construction.
Dans la démarche didactique que je reconnais aux Ummites. Les canalisations
souterraines sont enfouies, comme nous le faisons, dans un complexe de sable,
gravier, roches destiné à faciliter la pose et à assurer
la stabilité du terrain sous et autour de la conduite. L'appareil dont
il est question ici est un outil optique (viseur) destiné à détecter
des modifications de l'état du sol autour des canalisations. Contrôle
auquel nous ne nous livrons quasiment jamais. |
Bien que la lettre D41-6 dise explicitement que " Le nom
du vêtement se trouve associé au nom de la profession ",
JP y voit un grave contre-sens ! Plus amusant,
il doit maintenant traduire séparément chaque vocable, ce qui donne :
- UULWA : la vérité des changements par l'optique
- AGIADAA : [appareil pour] l'effectivité
des manifestations stables des différences d'agencement
- EEWEE :
image mentale par information codée ou code informatif pour perception
JP
nous dit que " Le contexte est là pour nous aider à comprendre
l'expression et sa construction " : heureusement ! D’ailleurs,
ce n’est pas le contexte qui nous est donné, mais la définition
détaillée du mot ! On pourra comparer
avec la traduction précédente de UULWAAGIADAA en un seul mot, qui
implique des lectures différentes du fait de la règle de lecture
en attribut multiple : ainsi, JP lit A-(GI et DAA) dans
un cas et AGIAD)-AA dans l’autre. |
EEWEANIXOO Ce vocable apparaît quatre fois. J'ai
retenu, en A136-1.112 "D'avance aussi, nos frères voyageurs ont revêtu
le EEWEANIXOO (VETEMENT PROTECTEUR HERMETIQUE) (VOIR NOTE 6 de l'APPENDICE)",
en A136-2.114 "Les membres de l'équipage, pouvons alors nous déplacer
librement à l'intérieur du long couloir annulaire, après
nous être débarrassés d'une partie de notre EEWEANIXOO",
et en A136-5.152 "Le EEWEANIXOO constitue ce que vous nommeriez "SCAPHANDRE
ou COSTUME". Cité par Moya en ref 94 "Tenue spatiale protectrice, hermétique".
Il s'agit du vêtement spécial revêtu pour supporter les accélérations
dans la "gelée", une espèce de scaphandre, en somme. Ce vocable
est intéressant à plus d'un titre et participe pleinement à
la cohérence de la langue avec les textes. On reconnaît EEWE
qui évoque le vêtement, en observant qu'il est ainsi désigné
dans des conditions "non sociales (pour la "douche" à la maison ou ici
"dans la gelée"). Le segment ANI exprime "vérité,
action, effectivité (A) flux, transfert (N) différence,
autre, distinct, séparé, varié (I)", c'est-à-dire
"l'activation de flux différenciés". Le segment XOO, qui
doit être lu GSOO [GS=X, voir phonétique], exprime
"organisation, agencement (G) rond, cercle, tour, cycle, onde (S)
entité, être, existence, créature, constituant (O)
en symétrie, à égalité, en équilibre, en équité,
en réciprocité (O)", c'est-à-dire "l'organisation
des cycles d'équilibre des constituants". Le reste du vocable complet désigne
"un vêtement avec activation de flux différenciés pour
l'organisation des cycles d'équilibre des constituants". Ce vêtement
isole complètement le voyageur, et pour des périodes durables, semble-t-il.
Ce qui a conduit à contrôler l'état "psychobiologique" des
voyageurs sous ce vêtement. A cette fin, le vêtement est doté
d'une vaste série de capteurs et effecteurs à ondes gravitationnelles
destinés à renseigner sur l'état du voyageur et à
susciter les réactions de retour à la normale (voir BIEWIGUU AGOIEE).
Voilà la justification du nom de ce scaphandre. On constate donc, à
propos de ce vocable, que le nom donné au vêtement correspond absolument
à la description des conditions d'usage. Comme la "traduction" qui en est
donnée ne mentionne pas du tout ces éléments, ils ne sont
pas l'objet d'une induction par le texte. La cohérence est donc complète,
et les probabilités pour avoir affaire à une "invention" terrestre
de toutes pièces sont voisines de zéro. La réalité
du vêtement et des conditions de son utilisation se trouvent "auto-confirmées"
par la cohérence du texte. | Pas
besoin de se compliquer la vie : EEWEE (et ses variantes EEWE, EEUEE, etc.)
signifie vêtement, et ANIXOO se réfère à la gravité
(voir AINNAOXOO) . Sur le modèle du français, on a donc tout simplement
une combinaison anti-G. D’ailleurs, dans sa définition
de UAXOOEXY, JP explique que " D'après le contexte, il s'agit
de sondes qui "équipent" la combinaison d'accélération
(EEWEEANIXOO OOE) et qui renseignent l'ordinateur chargé de la gestion
des paramètres d'équilibre et de confort du voyageur ". On
trouve d’ailleurs un autre exemple de vêtements spécialisés :
EEWEEGOO (voir ce mot). |
EEWEEGOO Ce vocable apparaît deux fois, en A35.22
"UN NOUVEL EPIDERME PLASTIQUE: L'individu est doté d'un nouvel épiderme
plastique qui permet la transpiration en empêchant en même temps l'infiltration
à travers ses pores par des agents chimiques et biologiques….Mécanique
OPERATOIRE: Au préalable on dispose, près des orifices naturels,
une série de dispositifs avec des fonctions adaptées aux nécessités
de chaque Organe…. C'est l'EEWEEGOO" et en A36.38 "…, nos frères
devaient se couvrir d'EEWEEGOO (Vêtements), leur aspect extérieur
était celui de classiques bleus de travail terrestres très serrés".
L'analyse fine des détails de ces deux passages désigne l'EEWEEGOO
d'abord comme un système d'équipements destinés à
donner l'autonomie de l'homme dans un environnement quelconque, voire hostile,
la "pellicule" finale (ce que nous pourrions appeler le "vêtement" n'étant
qu'un accessoire de présentation extérieure). Le segment EEWEE
exprime "une perception égalisée, constante des changements programmés"
(voir EEWEEANIXOO). L'affrontement d'un milieu inconnu, potentiellement hostile,
implique des évènements, des nouveautés (W) qui sont
voulus, programmés (EE). L'explorateur doit pourtant garder intacte
(constante, égale à elle-même) sa capacité perceptive
(EE). Le segment GOO exprime "agencement, organisation (G)
entité, être, existence, créature, constituant (O)
en symétrie, à égalité, en équilibre, en équité,
en réciprocité (O)", c'est-à-dire "organisation de
constituants en équilibre". Le vocable complet désigne "une organisation
de constituants en équilibre pour des perceptions constantes avec des évènements
programmés". | Constitué
de EEWEE (vêtement) + GOO (forme, état, structure). Un terme extrêmement
intéressant car on retrouve GOO dans la description des états de
la matière : - DOLGAA GOO (" Physique
de la structure de la matière ")
- GOOINUU :
état solide (" pourvu de masse ") ; voir UAMIIGOOINUU
(aliments solides)
- GOODAA : liquide (" état
liquide de la matière "), voir UAMIIGOODAA (aliments liquides,
boissons, potages)
- GOONIIOADOO : plasma
(" état spécial de la matière qui n'est pas
solide, ni liquide, ni gaz ", " état du Gaz dans lequel à
une température très élevée les atomes demeurent sous
la forme de NIIOADOO (IONS) ")
Remarque
curieuse sur le EEWEEGOO : " nouvel épiderme plastique
(…) il s'agit d'une fine pellicule qui a été pulvérisée
au moyen d'une tuyère d'aspersion sur l'épiderme du thorax, du dos,
des bras et des jambes " - D57.5. D’où le terme de plastique,
car il épouse la forme du corps (combinaison moulante). Or, plastique vient
du grec À»±ÃĹºÌÂ
“ mall¹able, qui sert ° modeler, propre
au modelage, relatif au modelage", tout comme… plasma ! ! ! Un
rapprochement encore plus net pour nos amis espagnols, d’ailleurs, car il existe
le terme courant " plasmado "… |
XIIXIA Ce vocable n'apparaît qu'une fois, en A13.114
"Pour AIMER SEXUELLEMENT nous avons une expression qui le différencie
de l'autre: c'est XIIXIA". Cité par Moya en ref 380 "Aimer sexuellement".
Cette aspect de la vie des Ummites est abordé dans les documents dans les
mêmes conditions descriptives que les autres sujets. En évitant,
dans ce domaine autant que dans les autres, les détails qui pourraient
trop crédibiliser l'origine des auteurs. La répétition du
son X, qui doit être lu GS [GS=X, voir phonétique]
invite à la lecture de qualificatif commun (voir sémantique) selon
GS-(II et IA). Le segment II exprime "isolement, limite,
frontière, enveloppe, confinement [ici je pense "caché"]". Le segment
IA exprime "différence, autre, distinct, séparé, varié
(I) vérité, action, effectivité (A)", c'est-à-dire
"effectivement distinct". Le groupe (II et IA) exprime "isolé
et effectivement distinct". Le segment GS exprime "agencement, organisation
(G) rond, cercle, tour, cycle, répétition (S)", c'est-à-dire
"organisation répétée". Le vocable complet désigne
"des organisations [à deux] répétées, isolées
et effectivement distinctes" ou des "cycles organisés, isolés
et effectivement distincts". | " des
organisations [à deux] répétées, isolées
et effectivement distinctes" ou des "cycles organisés, isolés
et effectivement distincts" = le sexe ?! J’ai
beaucoup apprécié la précision de JP (complètement
arbitraire) " à deux ": pas de partouzes chez les ummites ?! A
noter que XIIXIA KEAIA (l’art, la technique du sexe) signifie prostitution. |
XIIXIOUIA
Ce vocable n'apparaît qu'une fois, en A25.83 "Tous les garçons
non mariés avaient le droit de cohabiter périodiquement avec ces
malheureuses (un nombre à la fois fonction de la quantité de sollicitations
de ce genre et du nombre de femmes disponibles pour le XIIXIOUIA). Avec
la particularité qu'il existait aussi des GEE (GARCONS) contrôlés
pour cette triste fin, en concédant aux YIE seules le même privilège".
On reconnaît le segment XIIXI qui exprime "des organisations
répétées, isolées et distinctes" (voir XIIXIA).
Le segment OUI exprime "entité, être, existence, créature
(O) dépendance (U) différence, autre, distinct, séparé,
varié (I) [avec UI = particulier, spécifique (voir
combinaisons courantes)]", c'est-à-dire "particularités des créatures".
Le soncept A final exprime "vérité, action, effectivité".
Le vocable désigne "l'effectivité des particularités
des créatures à propos des organisations répétées,
isolées et effectivement distinctes". |
Ce mot et le suivant (qui se trouvent dans le même paragraphe
de la D41-12) sont parfaitement synonymes et relativement clairs : XIIXIA
veut dire sexe et OUIA " chef, responsable " (ce mot est d’ailleurs
présent dans la phrase antérieure). Comme nous l’indiquent les ummites
eux-mêmes, ce sont donc les " femmes et hommes qui réglementaient
ce trafic ",soit en bon français les proxénètes. Je
vous laisse comparer avec l’intelligibilité de " l'effectivité
des particularités des créatures à propos des organisations
répétées, isolées et effectivement distinctes " |
XIIXIOUIAA
Ce vocable n'apparaît qu'une fois, en A25.83 "Les familles nombreuses
réglaient le nombre de leurs rejetons de l'un et l'autre sexe. Ceux qui
dépassaient ce chiffre étaient dévolus aux XIIXIOUIAA
(femmes et hommes qui réglementaient ce trafic) [il s'agit de prostitution,
NdA]. Tous les garçons non mariés avaient le droit de cohabiter
périodiquement avec ces malheureuses (un nombre à la fois fonction
de la quantité de sollicitations de ce genre et du nombre de femmes disponibles
pour le XIIXIOUIA). Avec la particularité qu'il existait aussi des GEE
(GARCONS) contrôlés pour cette triste fin, en concédant aux
YIE seules le même privilège". On reconnaît le segment
XIIXI qui exprime "organisation cycliques distinctes et cachées"
(voir XIIXIA). Le segment AA exprime "vérité, action,
effectivité (A) en symétrie, à égalité,
en équilibre, équitablement, en réciprocité (A)",
c'est-à-dire "équité effective" ou "équilibre réel"
au sens de "pas de vagues". Le segment OUI exprime "entité, être,
existence, créature (O) dépendance (U) différence,
autre, distinct, séparé, varié (I) [avec UI
= particulier, spécifique (voir combinaisons courantes)]", c'est-à-dire
"particularités des créatures". Le vocable désigne "[les
gens en charge de] l'équilibre effectif dans les particularités
des créatures à propos des organisations cycliques, distinctes et
cachées". | JP
commet une erreur en omettant " [les gens en charge de] " de sa traduction ;
comme on l’a vu, le terme OUIA désigne précisément ces gens
là… | Si
la langue ummite était bien fonctionnelle au sens que lui donne JP, on
devrait en outre constater d’autres phénomènes qui sont absents
des lettres. Certes, absence de preuve n’est pas preuve d’absence selon la formule
consacrée et éculée, mais c’est quand même un bon indice. Un
vocable, plusieurs objets SI,
donc, la langue ummite était fonctionnelle, on devrait rencontrer un même
vocable ummite pour désigner des " choses " différentes
mais de fonctions similaires. En français, ce phénomène existe
dans certaines limites : -
Pour
des classes d’objets (plus ou moins générales) : par exemple,
voiture, bus, moto, camion, vélo, bateau et avion peuvent être regroupés
sous le nom commun de véhicules. Si l’on y ajoute le métro, le train,
les rollers et la patinette, on a alors des moyens de transport. Si l’on parle
de parc automobile, on n’inclue plus que les voitures, les motos, les bus et les
camions. En parlant de 2-roues, on se restreint aux motos et vélos, etc.
-
Une voiture elle-même peut changer de nom selon une ou plusieurs
de ses caractéristiques (forme, fonction, etc.) : un break, un coupé,
un cabriolet, une berline, un monospace, un 4x4, un pick-up, un diesel, un utilitaire,
un taxi, une guimbarde, un bolide, une Formule 1, etc. Autrement dit, la fonction
d’un " objet " peut être parfois précisée grâce
à un nom différent (" synonyme "), sans être obligé
de lui accoler un autre mot (comme voiture de course, voiture sans permis, etc.).
-
On notera enfin que l’étymologie
du mot lui-même peut indiquer sa fonction : auto-mobile (qui se déplace
tout seul), tracteur, bicyclette (2 roues), etc. Je
n’ai trouvé que très peu d’exemples de tels synonymes fonctionnels
en ummite. Le même mot désigne en général toujours
la même chose, ou alors il s’agit de classes d’objets (comparables en cela
à l’usage terrestre illustré ci-dessus), ou le comble, d’objets/idées
différents mais de foncions elles-aussi différentes (alors que c’est
ce l’identité de leurs fonctions qui devrait justifier l’usage du même
vocable). Un bon exemple de ce paradoxe
est le mot IAS, qui signifie à la fois la quantité 1 et le rang
deuxième (la subtilité étant que les ummites comptent à
partir de 0). Il s’agit pourtant de 2 fonctions bien distinctes : compter
d’une part (cardinal), ordonner d’autre part (ordinal). En français (comme
en anglais, en espagnol, et sans doute d’autres langues – à vérifier),
on distingue bien UN et PREMIER (et même second lorsqu’il n’y a pas de troisième) ;
idem en anglais (ONE et FIRST) et en espagnol (UNO et PRIMERO). Les dérivés
sont tout aussi clairs : par exemple, unité n’est pas synonyme de
primauté. Cela va même plus loin en ummite puisque pour IEN (2),
on trouve aussi bien le sens de 2, celui de troisième et également
celui de paire, qui est pourtant bien différent (la paire implique la quantité
2 de façon exclusive –on ne peut pas ajouter ou retrancher d’élément,
n’implique pas d’ordre, et insiste sur la notion de complémentarité,
de dépendance). On constate donc exactement le contraire de ce à
quoi l’on s’attendait : il y a bien dans ce cas un seul vocable pour plusieurs
" objets/idées " mais ces derniers n’ont pas du tout la même
fonction ! Un
objet, plusieurs vocables En
complément du point précédent, un même objet devrait
également avoir des " noms " différents selon sa fonction
essentielle (ou celle qui est mise en avant). Là encore, je n’ai pas trouvé
d’exemple : tous les " objets " (ou idées) mentionnés
plus d’une fois dans les lettres portent un seul et même nom, quel que soit
le contexte et/ou leur fonction. Par exemple, l’ordinateur de bord de leur vaisseau
spatial, celui de leur cuisine, celui de l’appareil photo et celui du réseau
planétaire d’Ummo ont des fonctions bien distinctes. Bien sûr, leur
fonction de base est de " computer ", mais en vertu du critère
de discrimination et d’économie du langage fonctionnel, chacun ne devrait-il
pas être nommé différemment (le mot ordinateur –XANMOO- étant
réservé à la désignation générique des
ordinateurs en général) ? Il n’en pas du tout ainsi, bien au
contraire : à l’instar de nos bonnes vieilles langues terrestres,
chaque mot est construit sur la base XANMOO :
-
XANMO+UULAYA pour celui de l’appareil photo (ordinateur + photo)
-
UAMII+XANMOO pour celui de la cuisine (aliments + ordinateur)
-
XANMO tout court pour les autres ordinateurs (éventuellement suivi
de AYUBA quand il s’agit d’un réseau, que ce soit celui du vaisseau spatial
ou de Ummo). En français,
on a l’appareil photo numérique, le robot ménager, l’ordinateur
de bord (voire le pilote automatique), l’ordinateur central, et d’autres encore
(ordinateur portable, machine à calculer, ordinateur personnel, micro-ordinateur,
agenda électronique…). A chaque fois, on retrouve un mot = un objet ou
un attribut (voire une fonction), avec un mot principal qui est précisé
par un deuxième: ordinateur portable conjugue ordinateur (classe d’objets
assez vaste) avec la fonction de portabilité, qui permet d’en préciser
le sens. En ummite, langue qui serait
selon JP complètement différente de toutes celles existants sur
Terre car fonctionnelle, on retrouve pourtant exactement le même schéma
de construction : non pas à partir de soncepts mais de mots simples,
accolés les uns aux autres pour créer des mots plus compliqués
ou plus précis. On ne définit pas le super robot ménager
ummite par sa fonction (préparation automatique des aliments) mais par
l’association des mots aliments (UAMII) et ordinateur (XANMOO), exactement comme
en français nous associons robot (ou éléctro) et ménager
(ou culinaire ou de cuisine) pour préciser sa fonction. Nous sommes même
plus précis puisque l’on qualifie ces robots de " multifonctions "
pour les différencier d’un simple presse-agrumes, passe-légumes,
mixeur, batteur, rape électrique, hachoir, etc. Le nom des marques et des
modèles lui-même évoque leur fonction :
-
Moulinex (évoquant à la fois le moulin,
la société s’appelant à l’origine Le Moulin-Légume,
et le modernisme avec la terminaison ex pour express),
-
Kitchenaid (l’aide de cuisine, l’anglais faisant moderne),
-
Magimix (le mixeur magique), -
le Powermix (le puissant mixeur, qui a le power en franglais !), etc. En
fait, outre l’exemple ci-dessus de XANMOO et ses dérivés, de nombreux
mots ummites sont construits selon ce principe pas spécialement fonctionnel
d’association, à partir d’un radical auquel d’autres mots sont associés:
-
Sur maison (XAABI) : partie
habitable / foyer (XAABI-UANNAA), pièce d’habitation (IA-XAABI), salle
à manger / cuisine (UAMII-XAABI), chambre à coucher (WOIWOI-XAABI),
salle de bains (E-XAABI), salle de projection (UULODA-XAABI) ;
-
Sur lumière, optique (UUL) : photographie (UUL-AYA), lentille
photo (UUL-AXAA), lentilles de contact (UUL-AX-BOIYU), capteur de lumière
(UUL-UAXO), fibre optique (UUL-NII), appareil photo ou caméra (UUL-ODOO),
salle de projection (UUL-ODA-XAABI), engin volant de reconnaissance optique (UUL-UEWAA),
capteur de lumière (UUL-UAXOO), système d'enregistrement optique
des astres à grandes distances (spectromètre) (UUL-XOODII OEMM),
etc. On remarque également
que les " règles " de cette association ne semblent ni très
strictes ni très précises :
-
certains mots se trouvent parfois séparés, d’autres non
(par exemple, IBOZOO UU et IBOZOOUU) -
l’ordre des mots n’est pas toujours respecté (on trouve aussi bien
UI ONAWO que ONAWO UI pour université)
-
l’ordre ne semble pas avoir de fonctions claires : l’association
XY se traduit généralement par X de Y (XOODI-UMMO = strate, couche
géologique de Ummo, XANMO-UULAYA = l’ordinateur de l’appareil photo, etc.),
ce qui est le plus courant en espagnol et en français, mais on trouve aussi
le contraire, comme en anglais, c’est à dire Y de X (UMMO-WOA = le " dieu "
d’Ummo, OANNEA-OIYOYOO = langage télépathique, UUL-UAXOO = capteur
de lumière, etc.) Langue
extra-terrestre ? L’une
des caractéristiques essentielle de la langue ummite selon JP, et qui la
distinguerait de toutes les langues terrestres, serait de ne pas être agglutinante.
Faisons au préalable une parenthèse pour préciser cette notion
d’agglutination dans le cadre de la typologie des langues. La typologie des langues
est une méthode de classification des langues selon plusieurs critères
tels que : -
les rapports entre la
syllabe et le morphème ; -
le
rapport entre la forme et la fonction ; -
l'utilisation de classificateurs ; -
les traits grammaticaux marginaux. Les
catégories de langues ne sont pas fermées et dire d'une langue qu'elle
est du type flexionnel ne signifie pas qu'elle n'appartient qu'à ce type
: telle langue peut être tout autant très synthétique, un
peu flexionnelle et parfois isolante. Traditionnellement, les principales catégories
sont les suivantes : -
type isolant;
-
type flexionnel ;
-
type agglutinant. On
regroupe et oppose en général les langues analytiques (isolantes)
et les langues synthétiques (flexionnelles et agglutinantes). On y ajoute
parfois le type polysyntéthique. La présentation ci-dessous s’appuie
principalement sur les 2 sites suivants : Type
isolant On appelle langue
isolante une langue dans laquelle les mots sont ou ont tendance à être
invariables et où on ne peut pas, par conséquent, distinguer le
radical et les éléments grammaticaux. De telles langues expriment
les divers rapports grammaticaux par des mots et des signes isolés. Elles
montrent une certaine relation d'un-pour-un entre la forme et le sens : chaque
" mot " (pour autant que ceci ait un sens) constitue, à lui seul, une seule
unité minimale de sens. Autrement dit, toute (ou presque) unité
doté d'un sens, dans une langue isolante, est indécomposable en
unités significatives plus petites. Par conséquent, ces langues
montrent une morphologie très peu développée, en dehors des
procédés de dérivation. On
cite souvent le chinois mandarin à titre d'exemple d'une langue isolante
le plus parfait que l'on connaisse (car nous n'attestons pas véritablement
l'existence de langues pleinement isolantes), et c'est pourquoi les " mots " chinois
ne sont pas des unités complexes (décomposables) sur le plan formel,
et qu'ils n'acceptent aucune flexion (voir les langues dites flexionnelles, plus
bas). Par ceci, la valeur grammaticale ou syntaxique des unités de la langue
isolante est souvent fonction de leur emplacement dans la phrase, ou de certains
faits prosodiques dans la chaîne parlée. Il
est saillant de présenter également l'anglais lorsque il est question
de langues isolantes. Certes, l'anglais n'a pas exploité ce phénomène
aussi pleinement qu'en chinois mandarin, mais sa pauvreté morphologique
(verbale ou nominale) en fait un excellent candidat au titre de langue isolante
: le prétérit marqué par la consonne dentale typiquement
germanique (marqué à l'écrit par -ed), la marque du
pluriel, ainsi que la désinence verbale de la troisième personne
du singulier du présent (cf. I see et he sees) sont à
peu près les seuls survivants d'une morphologie largement plus développée
qu'on atteste dans les états anciens de cette langue. Les
langues isolantes sont traditionnellement opposées aux langues agglutinantes,
aux langues flexionnelles et aux langues synthétiques ; d’ailleurs,
on les appelle également analytique. Cet ensemble se distingue d'une part
des langues agglutinantes par le fait que les relations syntaxiques entre les
éléments d'une phrase sont exprimées par des monèmes
distincts, et, d'autre part, des langues hautement polysynthétiques, car
les valeurs grammaticales (nombre, genre, etc.) ne sont pas nécessairement
toujours exprimées par des flexions (éléments à haut
potentiel polysynthétique), de nombreuses langues ayant recourt, pour ce
faire, à une pléthore de particules clitiques. Il n'y a donc pas,
ou pour mieux rendre la chose, il y a donc moins, d'affixes juxtaposés
à des radicaux dans les langues analytiques. Ceci réduit d'ailleurs
de manière sensible la longueur des mots (exception faite des composés,
c.f. l'allemand Sehnenscheidenentzündung " tendinite "), mais en augmente
le nombre dans la phrase. Le français
est une langue analytique. L'émergence des temps composés (j'ai
pris, j'aurais pris, j'aurai pris, je vais prendre) en
est une excellente preuve, tout comme la kyrielle de locutions conjonctives (parce
que, après que, dès le moment où, pendant
que, en même temps que), et la profusion de prépositions
depuis la chute des déclinaisons latines. Quoique la langue demeure flexionnelle
à certains égards (par exemple, les conjugaisons verbales), une
phrase telle que C'est pourquoi il avait parlé à un ami, après
que Pierre eut mangé montre dans ses éléments constituants
une analyse beaucoup plus complète que son équivalent latin, où
la (poly)synthèse est très forte : Itaque amico dicerat, Petro
edente. Type
flexionnel On appelle
langue flexionnelle une langue dans laquelle les mots changent de forme selon
leur rapport grammatical aux autres mots. Dans ces langues, tous les mots ne sont
pas " invariables " (ce qui est le cas dans une langue isolante) : certains modifient
leur prononciation. On dit d'eux qu'ils subissent le jeu de la flexion et que
l'ensemble des formes différentes d'un même mot fléchi forment
son paradigme. Chaque forme d'un paradigme peut transmettre un ou plusieurs types
de traits grammaticaux (genre, nombre, fonction, nature, nombre, etc.) pouvant
s'opposer (singulier contre pluriel, masculin contre neutre, première personne
du singulier contre première personne du pluriel, etc.). On parle de conjugaisons
lorsqu'il s'agit de flexions verbales, et de déclinaisons lorsqu'il
s'agit de flexions nominales (ou pronominales). Les termes d'un même paradigme,
cependant, ne changent pas de sens : seuls les traits grammaticaux s'opposent.
Notons que les flexions doivent absolument appartenir à un paradigme
pour mériter cette dénomination. Le mot fléchi se trouve
ipso facto identifiable par ce-dit paradigme. S'il n'y avait qu'une seule
désinence, dans une langue donnée, exprimant la fonction sujet pour
tous les substantifs, il ne s'agirait pas d'une flexion, et on aurait sans doute
plus affaire à une simple langue agglutinante qu'une langue flexionnelle
réelle. Soit la langue grecque classique. Le nominatif singulier du substantif
signifiant " homme " est anqwroV; son accusatif du
même genre, c'est-à-dire masculin, est anqwron,
son génitif anqwrou, et ainsi de suite. Ces
désinences (-oV, -on,
-ou) font que le substantif appartient à un
certain groupe formel qu'on nomme la seconde déclinaison, parce qu'elles
s'opposent, entre autres, aux désinences de la première déclinaison
: le nominatif singulier dik-h "
procès " devient dik-hn à
l'accusatif, dik-hV au génitif, etc. Il
existe plusieurs possibilités de modifications du signifiant (forme sensible,
le plus souvent auditive) d'un mot selon son rapport grammatical à d'autres
mots de l'énoncé, c'est-à-dire plusieurs types de flexion.
Le radical n'existe généralement pas sans son affixe flexionnel,
mais il peut exister une désinence zéro que l'on ne doit pas négliger.
C'est donc dire que l'absence de flexions s'avère quelquefois tout aussi
distinctive que sa présence (par exemple, certains mots de la troisième
déclinaison latine, comme consul au nominatif qui se décline
consul-em, consul-is, consul-o, etc.). On nomme flexion interne
la modification du vocalisme d'un mot plutôt que l'ajout d'une désinence
(cf. anglais I sing " je chante ", I sang " j'ai chanté "). Plus
une langue est flexionnelle, plus sa syntaxe est souple : l'ordre des mots, en
latin, grec ou sanskrit, n'a, pour ainsi dire, qu'une valeur stylistique ; que
l'on écrive Petrum Paulus verberat, Paulus Petrum verberat ou verberat
Paulus Petrum, etc., l'énoncé garde un sens global identique : "
Paul frappe Pierre ". Type
agglutinant Le terme
de langue agglutinante a été introduit en 1836 par le linguiste
allemand Wilhelm von Humboldt. Il est formé à partir du verbe latin
agglutinare, signifiant "coller ensemble". En effet, c’est une langue dans laquelle
les mots sont formés en "collant" au radical des affixes de telle sorte
que les frontières entre les morphèmes restent bien nettes et que
chaque morphème corresponde à un seul trait sémantique ou
fonctionnel. Chaque " mot " de ces langues est, le plus souvent, un composé
de plusieurs monèmes, à tel point qu'une phrase entière en
français peut en être l'équivalent complet. Des affixes (suffixes,
préfixes, infixes) juxtaposés (ou insérés, pour le
cas des fameux infixes) à des radicaux exprimeront les rapports syntaxiques
entre les éléments de la phrase. Le
turc exemplifie ceci d'une belle et simple façon. Soit le mot turque ev
" maison ". Evler signifie " les maisons ", evlerim " mes maisons
", evlerimde " dans mes maisons. ", et ainsi de suite. Citons ensuite,
pour notre curiosité, une langue agglutinante artificielle : la langue
de la race Klingon de la série Star Trek, inventée par Mark Okrand,
est de ce type ! La dérivation en tant que procédé morphologique
(par exemple, français dire > redire, lent >
lentement, grand > grandir) est un début d'agglutination,
mais, n'exprimant généralement pas de rapports syntaxiques, ces
affixes demeurent des phénomènes marginaux dans l’établissement
d'une typologie des langues. Type
polysynthétique Les
langues dites polysynthétiques s'opposent rigoureusement aux langues agglutinantes
parce qu'elles présentent un syncrétisme poussé dans leurs
éléments signifiants minimaux : une seule forme, indécomposable,
vaut pour plusieurs éléments sémantiques (ou, si certains
le préfèrent, grammaticaux) identifiables. Les langues flexionnelles
comme le latin ou le grec classique sont hautement polysynthétiques. L'allemand
fournit un exemple quant aux langues contemporaines. Dans Der Mann ist mein
Lehrer " l'homme est mon professeur ", l'article der indique à
la fois le défini (s'opposant à l'article indéfini), le singulier,
le masculin, et le nominatif. Que
peut-on dire de l’ummite a la lumière de cette classification ? Dans
les limites imposées par l’échantillon dont nous disposons (voir
le point suivant), l’exercice est délicat. L’analyse montre que les mots
ummites sont très souvent composés en juxtaposant des mots existants,
qui désignent en général des " objets/idées "
et plus rarement des attributs voire des fonctions. Il s’agit dans l’immense majorité
de noms, et parfois de verbes semble-t’il. Nous ne trouvons pas trace de désinence,
de conjugaison, de marques de genre ou de nombre, pas non plus d’adjectifs, de
pronoms, ni d’articles (ces derniers n’existant pas selon la D41). Bien sûr,
en l’absence d’un échantillon représentatif de la langue ummite,
il est difficile de se prononcer, mais en tous cas, on n’en trouve aucune trace
ni indice (JP considère pour sa part que l’ummite en est totalement exempt,
et la D104 semble aller dans ce sens : " Les paragraphes autonomes
signalés entre guillemets sont une transcription littérale, reprise
le plus fidèlement possible du rapport original. Cette précision
de la version en langage qui vous est familier, s'entends avec les additions grammaticales
et sémantiques qui la rendent intelligible, puisque nos textes sont extrêmement
synthétiques, dépourvus de la morphologie syntaxique qui vous est
familière, ce qui rend très compliqué leur décodage
sans une addition préalable de formes verbales, d'adjectif, etc. ").
On peut donc exclure clairement le type flexionnel, et probablement le type agglutinant.
L’ummite serait donc essentiellement une langue isolante, analytique. On
notera que l’agglutination n’est pas en soi un " défaut ", bien
au contraire. Au contraire des langues isolantes (analytiques), les langues agglutinantes
sont beaucoup plus organisées et plus simples à analyser. L’esperanto,
langue artificielle à vocation universelle, est sciemment agglutinante.
L’agglutination introduit en effet à la fois une grande souplesse et une
économie de moyens (moins de pages au dictionnaire !), par opposition
aux langues isolantes (le chinois, langue isolante par excellence, se démarque
par sa difficulté). Les langues flexionnelles sont encore plus économes
et extrêmement structurées, presque " mathématiques " ;
c’est leur force (cohérence, organisation) et leur faiblesse (il faut penser
à beaucoup de choses avant de dire un mot correctement !). Les langues
isolantes sont en ce sens plus rudimentaires et moins structurées que les
autres, je dirais presque baroques par certains côtés : pas
de système sophistiqué pour la grammaire, des phrases à rallonges,
une multitude de mots, etc. Comme le disait justement JP, ce sont en quelque sorte
des langues de fainéants : si l’on se contente d’un faible vocabulaire,
et des règles basiques qui sont simples, la langue isolante est facile
à utiliser, au moins dans un mode " alimentaire ". Mais cette
apparente facilité est trompeuse : maîtriser une telle langue
s’avère beaucoup plus difficile car elle est intrinsèquement plus
riche, elle offre plus de champ de manœuvre de par son vocabulaire et le " flou "
de sa grammaire. Au risque de caricaturer, l’allemand se prête bien à
la philosophie, tandis le français se prête mieux à la poésie !
Je trouverais donc étonnant que les ummites, si férus d’ordre et
de sciences exactes et si peu enclins à la fantaisie et à l’art,
aient créé une langue complètement isolante. Cependant,
sur la base d’un échantillon à la fois limité en taille et
en représentativité (voir ci-dessous), on ne peut pas se prononcer
réellement sur la nature de la langue ummite, et affirmer qu’elle est totalement
exempte d’agglutination et de là, justifier une origine " extra-terrestre ",
me semble pour le moins hasardeux. L’ummite
est-il une langue ? Sur
la base des lettres, il est en effet difficile de parler d’une langue ummite.
Tout ce dont nous disposons, c’est d’un lexique, un ensemble de vocables dont
l’immense majorité nous est donnée isolément. Nous avons
en réalité une liste de mots, pas plus, d’où nous avons extrait
un alphabet (plus précisément sa transcription phonétique
approximative). Autrement dit, nous n’avons ni ne pouvons en déduire une
grammaire, ce qui est indispensable pour constituer une langue. Essayez d’apprendre
une langue uniquement à partir d’un dictionnaire, et vous n’irez pas bien
loin ! En outre, ces mots ne
semblent jamais varier (absence de flexion, même verbale, et absence d’agglutination),
et comme on a remarqué que l’on ne trouve que des noms, se pose en sérieux
problème : si l’ummite est une langue isolante, où diable sont
passées toutes les particules, ces " petits mots " indispensables
à structurer la phrase ? Problème d’autant plus sérieux
que l’ordre des mots semble assez libre en ummite, alors que cette caractéristique
est plutôt typique des langues flexionnelles (elles compensent la liberté
dans l’ordre des mots par la rigueur de leurs flexions). Si l’ummite ne se sert
ni de particules, ni de l’ordre des mots pour articuler et donner un sens au lexique
dont nous disposons, ce n’est clairement pas une langue. En l’absence de phrases,
de véritable échantillon de textes, je pense qu’il est impossible
de conclure quant à l’ummite proprement dit ; par contre, la méthode
de JP ne supporte pas non plus cette analyse puisqu’elle est incapable de générer
une grammaire. Or une " langue " sans grammaire, c’est comme un corps
sans os, sans nerfs et sans vaisseaux sanguins : une bouillie de mots, incapable
de fonctionner. Et la fonction principale de la langue, chère aux fonctionnalistes
justement, c’est celle de communiquer. Conclusion Toute
l’analyse précédente ne remet pas en cause l’existence d’une hypothétique
langue ummite ; ce que je conteste, c’est à la fois qu’elle soit fonctionnelle
et composée de soncepts, et qu’il soit possible, sur la seule base des
lettres dont nous disposons, de se prononcer sur son existence. Et bien sûr,
en conséquence, qu’il soit possible d’en conclure quoi que ce soit quant
à son origine (terrestre ou pas). L’erreur
de JP, il me semble, est d’avoir cherché un sens là où il
n’y en avait pas forcément, ou en tous cas, où n’existait pas les
conditions suffisantes pour en trouver un. Son analyse ressemble ainsi beaucoup
plus à du décryptage qu’à une analyse linguistique, se fondant
sur l’hypothèse qu’il existe une sorte de code. Car après tout,
s’il s’agit de traduire l’ummite, le travail est déjà fait puisque
l’immense majorité des mots ummites sont traduits dans les lettres elles-mêmes
par leurs auteurs. Mais JP semble
ne pas s’être satisfait de ces traductions, et a recherché un code,
un sens caché. Ce code ne pouvait que résider dans les lettres elles-mêmes,
puisque les autres éléments linguistiques étaient soit déjà
explicités (les mots), soit absents (les phrases). Or, il se trouve que
les mots sont peu nombreux, que ces lettres sont en nombre limité et surtout,
que très peu d’entre-elles constituent l’essentiel des mots. A condition
d’attribuer un sens suffisamment vague à chacune de ces lettres, il devenait
donc possible de créer ce code à base de soncepts et de " déchiffrer "
les mots qu’ils constituent (en réalité, de tenter de retrouver
à partir de ce code la signification déjà connue des mots).
Je pense qu’au prix d’un certain effort, il doit être possible d’en faire
de même avec n’importe quelle combinaison d’un nombre limité de mots
constitués d’un alphabet réduit avec une très forte fréquence
de quelques lettres. Je ne pense pas que cela fonctionnerait, cependant, avec
des mots composés au hasard, mais les mots ummites, quelle que soit leur
origine et malgré le peu que nous en sachions, suivent au moins quelques
règles d’ordre phonétique (par exemple, la non-répétition
des consonnes à de rares exceptions près). Pour ma part, je crois
que les soncepts sont une construction de JP et non des ummites eux-mêmes.
Note
1: (à propos de André Martinet et du fonctionnalisme) A. Martinet propose
une théorie générale de la langue, connue sous le nom de fonctionnalisme, approche
structurale qui ne néglige pas pour autant la dimension historique et qui analyse
les faits de langue à la lumière de la fonction - considérée comme centrale -
de communication. Partant de l'acquis de la phonologie - qu'il a contribué à améliorer,
en particulier en ce qui concerne la théorie de l'archiphonème et de la neutralisation
-, A. Martinet élabore la notion de double articulation, posant que la langue
est segmentée, d'une part, en monèmes (unités linguistiques ayant à la fois une
forme et un sens, qu'il va classer à partir de la façon dont elles marquent leur
fonction) et, d'autre part, en phonèmes (unités linguistiques n'ayant qu'une forme
et pas de sens); cette vision lui permet de montrer comment quelques dizaines
de phonèmes permettent de former des milliers de monèmes qui, à leur tour, s'assemblent
dans les énoncés linguistiques. (http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/sy/sy_269_p0.html)
Lire aussi pour une bonne introduction au fonctionnalisme (fichier zippé à télécharger)
: http://perso.wanadoo.fr/michel.santacroce/fichiers/div/Fonctionn.hqx
Note 2 (à propos du titre de la section "le tour du monde en 17 soncepts")
Clin d'oeil au « Tour du jour en 80 mondes » de Julio Cortázar, grand amateur
de jeux littéraires et fasciné par le temps, faisant lui-même référence au voyage
initiatique du « Tour du monde en 80 jours » de Jules Verne, autre amateur de
jeux de mots (voir notamment la double lecture de la plupart des noms propres
de ses romans) obnubilé par le temps et l'espace !
Note 3 (à propos de la polysémie, après l'exemple du "coq") Un exemple
très riche est celui du son « cour » : non seulement avec des homophones comme
cour, cours, court, courre, etc. mais aussi avec des véritables formes polysémiques,
absolument indécidables sans le contexte. Ainsi, l'élève et la rivière suivent
leur cours, mais ce ne sont pas les mêmes ! Un autre classique est seau, saut,
sot, sceau. Note 4 (suivant le tableau de
traduction de UAEXOOE IANNO IAUAMII IE OEMII etc) Je note au passage que
la 2ème partie de XOA (OA : l'efficacité des créatures) est passée à la trappe
(on ne le retrouve que via AALOA), et que le L de AALOA qui marque l'équivalence
ne se rapporte plus à la stabilité (AA) mais aux 2 mots précédents.
Note 5 (au début du tableau d'exemples de traductions, après IEN, IAI,
etc.) Je vous renvoie aussi aux archives de la liste du mois de Février 04
pour l'analyse et le débat sur les vocables OANA et OANMAA, que je traduis par
7 et 8 respectivement Note 6 (dans le tableau
d'exemples, à propos de UAXOO) A noter qu'il y a là une erreur : ce canal
NIIUAXOO doit être uniquement récepteur car le canal transmetteur est désigné
plus loin par NIIAXOO. Ce n'est pas la seule fois où il y a confusion, d'ailleurs
entre, les 2 mots. Note 7 (à propos de "Je
n'ai trouvé que très peu d'exemples de tels synonymes fonctionnels en ummite"
au 5e paragraphe de la section "Un vocable, plusieurs objets") On note principalement
la polysémie de XI sur laquelle eux-mêmes insistent : « nous utilisons le phonème
XI ou SI (il est difficile de trouver les lettres appropriées) qui signifie (CYCLE,
ROTATION ou REVOLUTION) et qui a une double acception. C'est-à-dire qu'il s'agit
de ce que vous appelez une parole HOMOPHONE. Avec le mot "XI" ou "CSI" nous exprimons
aussi bien la rotation de UMMO sur son axe (UN JOUR) que la révolution par exemple
d'une ROUE ». Avec cependant un bémol : à l'usage, XI ne désigne JAMAIS autre
chose que le jour ummite dans les lettres. Notons aussi que la même chose existe
en français, qui plus est pour le même mot « cycle » selon que l'on parle du cycle
de la lune, du cycle alimentaire, du cycle de la femme, d'une bicyclette, d'un
tricycle, d'un cyclomoteur, etc. Idem pour « révolution » ou pour « parabole »
(la courbe, et la figure de style). Et puisque l'on évoque le jour, à nouveau,
polysémie en français : la période de temps (le jour de l'an), et la clarté (il
fait jour). Bref, vraiment pas de quoi s'extasier sur l'originalité de la langue
ummite de ce point de vue. Note 8 (à propos
de la terminaison ex dans Moulinex) Que l'on retrouve dans d'autres marques
de l'époque : solex, pyrex, spontex, bultex, etc.
Note 9 (à propos du mot UUL avec ses exemples de composés) Bien que
ce mot seul ne figure pas dans les lettres. Note
10 (2e paragraphe de la section "L'ummite est-il une langue ?", à propos de
la phrase "Problème d'autant plus sérieux que l'ordre des mots semble assez libre
en ummite") Par exemple, dans la D59-2: l'IBOZO UU IEN AIOOYAA (d'IBOZOO UU
la paire existe), tandis que IIAS IBOZOO UU AIOOYEDOO (un seul et unique IBOZOO
UU n'existe pas / n'a pas de sens). Note 11
(dernier paragraphe avant la section "Conclusion", à propos de la phrase "En l'absence
de phrases, de véritable échantillon de textes, je pense qu'il est impossible
de conclure quant à l'ummite proprement dit") Ces remarques semblent d'ailleurs
rejoindre celles formulées par les experts de l'université de Séville en Espagne,
à en juger par les quelques extraits qu'en rapporte JP dans son livre (je ne dispose
malheureusement pas du compte-rendu de cette réunion).
Note 12 (dans le Post Scriptum, avant la liste d'exemples littéraires)
Engouement d'époque non seulement dans la littérature de fiction, mais aussi dans
la philosophie et dans la pratique : l'Espéranto a été créé à la fin du XIXe siècle
par Ludwig Lazare Zamenhof et le Volapük inventé par Johann Martin Schleyer en
l879. Post Scriptum : En
guise de post-scriptum, pour ceux que la construction de langage artificiel intéresse,
je ne saurais que trop vous recommander ce site extraordinaire intitulé
The Language Construction Kit: http://www.zompist.com/kitlong.html#natural
Enfin, pour quelques exemples contemporains
des premières lettres ummites de création de langues artificielles
dans la littérature, une liste non exhaustive qui montre bien l’engouement
de l’époque pour ce sujet : Borges,
Jorge Luis. "Tlön, Uqbar, Orbis Tertius". Ficciones. 1956. Short
story. http://www.its.caltech.edu/~boozer/etexts/tlon.html
Burgess, Anthony. A Clockwork Orange. 1962.
Novel. Features extensive use of a future teenage argot called Nadsat, essentially
English heavily influenced by Russian. Delany,
Samuel R. Babel-17. 1966. A science fiction novel. A constructed
language is central to the plot, but is not actually described in any detail.
This is not surprising - given what is described, the language Babel-17 is almost
certainly impossible. Learning it gives you incredible mental powers, and simultaneously
programs you to do the bidding of the language's creators, through strong Whorfian
effects. It's entirely implausible, but I'd still recommend the book. Havel,
Vaclav. The Memorandum. 1966. Play - presumably originally in Czech,
but a translation is available. I haven't seen or read it. Features a Newspeak-like
conlang called Ptydepe supposed to maximize productivity. Heinlein,
Robert A. "Gulf". Assignment In Eternity. 1949. The short story
featuring the conlang Speedtalk, which is impossible, albeit less so than Babel-17. Nabokov,
Vladimir. Pale Fire. 1962. I know very little of this book - it
contains a conlang called Zemblan, of which the lexicon is reproduced in the earliest
surviving archive of the conlang mailing list: http://www.ri.xu.org/conlang/conl91.txt
Orwell, George. Nineteen Eighty-Four. 1948.
Novel. Orwell's dystopia of a totalitarian future is widely considered one
of the greatest works of English literature in the 20th century, so it's worth
reading anyway (assuming you haven't already). Newspeak may not be a particularly
inventive conlang - basically a reform of English -but it's well known, an important
part of the story, and the principles are described in some detail, so I'd include
this. Newspeak was in part a satire on Basic English, for which see the comments
on Speedtalk in the _Langage Construction Kit_: http://www.zompist.com/kitlong.html#lexicon
Vance, Jack. The Languages of Pao. 1957.
Science fiction novel. I haven't read it. I'm not sure how fully the languages
are realized, but certainly there's some description - see the mention of the
verbless language in the LCK. Language planning and the Sapir-Whorf hypothesis
are central to the plot, as I have heard it described.
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